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AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. 325

arrivée le 8. Elle lui annonçait le projet d’aller à Rome, le félicitait de la réussite de son tableau dont on lui demandait une description. Cette lettre fut brûlée, comme les autres l’avaient été quelques jours avant, avec un calme qui annonçait une détermination fixe…

« Je lui dis : Allons en Suisse, — ou à Paris, là tu trouveras une occasion de te marier.— Ah mon cher, il est trop tard ! O Dien ! si je pouvais revenir dix ans en arrière, comme je le ferais !.. « La veille de sa mort, nous étions réunis le soir, comme de coutume, dans la chambre de nos padroni di casa, avec MM. Fortique et Joyant. Léopold était encore plus triste qu’à l’ordinaire, et il ne prit aucune part à la conversation générale. J’affectais de paraître gai, mais par moments je sentais les forces m’abandonner, autant par iuquiétude que par besoin de sommeil. Ses yeux étnient sans cesse fixés sur les miens, et souvent il me demandait ce que j’éprouvais. Nous sortîmes enfin, et, dans ce moment, il me recommanda d’entrer dans sa chambre en montant vers la mienne ; ce n’était pas mon habitude, parce que Léopold se couchait ordinairement de bonne heure. Lorsque j’entrai chez lui, il m’attendait pour m’offrir un verre d’eau suerée à la fleur d’orange, dans l’intention de favoriser mon sommeil, et il me tendit la main avec une expression tendre et triste qui me déchire maintenant le ceur.

« Je dormis fort mal. Le matin je me levai un peu tard, et Léopold, contre son habitude, monta jusqu’à machambre. Après nous être réciproquement demandé et donné de nos nouvelles, sans doute avec aussi peu de sincérité l’un que l’autre, Léopold me demanda ce