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AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. que je lui conseillais de faire et s’il devait partir. Comme nous avions souvent parlé de ce voyage, de ses chances et de ses avantages, comme je savais que tous ses amis lui avaient conseillé de le faire, je ne vis dans cette question qu’une preuve nouvelle du peu de fixité qu’il y avait dans ses idées et dans ses résolutions, et je me bornai à lui répondre que je m’en référais à lui, et qu’il devait bien se consulter pour prendre le parti le plus sage. c Eh bien ! je pars, > dit-il ; puis, après un moment de réflexion, il fait quelques pas pour entrer dans la chambre de M. Fortique, avec lequel il aurait pu se mettre en route le lendemain. Il s’arrête, il revient, il retourne ; puis, revenant encore tout à coup, et comme entraîné par un mouvement involontaire qui fut sans doute l’arrêt de sa mort, il me dit : « Avant de me décider, il faut que < j’aille dire deux mots en bas. > Il descend avec rapidité en me criant : Aurèle, voilà ton tailleur qui < monte. » En effet, je suis forcé de n’arrêter quelques instants avec cet homme, puis je descends.

  • Joyant était à déjeuner dans la chambre de ces

dames, et là je ne pus m’empêcher de témoigner l’inquiétude que me cansait la situation de Léopold, qui, à ce que j’appris en cet instant, était allé à l’atelier. Comme nous avions l’habitude constante d’y aller et d’en revenir ensemble, son départ me surprit et, sans savoir pourquoi, j’y courus plus vite que de coutume. En chemin je m’aperçus que j’avais la clé de l’atelier dans ma poche. Il n’aura pu entrer, me dis-je, oà sera-t-il ? En ce moment il arriva qu’au détour d’une rue un malheureux chien vint se jeter dans mes jambes en aboyant, et de cet instant un pressentiment funeste s’empara de moi. Tout troublé, j’arrive au palais Pisani ; je demande à notre vieille servante si mon