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AURÈLE ROBERT.

AURĖLE ROBERT. 327

frère y est. — Oui. Par où est-il entré ? — Il a

| donné le tour. Je donne le tour ; je trouve la porte fermée. Un trait de lumière m’a frappé ; tout mon sang se met en mouvement ; je fais une courte prière pour demander à Dieu du secours, et je revole à la première porte, que j’essaie encore d’ouvrir avec ma clé. Je frappe, j’appelle… rien ! Je m’élance comme un furieux sur la porte, que je brise avec effort ; je traverse un petit vestibule, j’enfonce la seconde porte comme la première.. Grand Dieu ! quel coup de foudre ! Mon pauvre Léopold étendu la face contre terre, au milieu d’un lac de sang ! « Pétrifié à cette vue, je tombe à genoux pour recevoir deux soupirs qui s’exhalaient encore de cette dépouille mortelle. Notre vicille bonne poussait des cris et des gémissements. Je la supplie d’aller chercher des secours et je reste seul. Je jette alors les yeux avec effroi sur ses mains pour chercher l’instrument cruel qui m’a ravi ce malheureux frère, et je le vois posé sur une malle où le sang avait coulé d’abord, et d’où Léopold était tombé après avoir fait son coup infernal.

« Devant ce cadavre sanglant, le souvenir de mon frère Alfred, mort de la même manière dix ans avant, jour pour jour, se présenta à mon esprit, et je sentis qu’il fallait rassembler tout mon courage pour ne pas succomber au désespoir, pour me consacrer à mes chères seurs. Je priai Dieu pour nous tous ; mais mes idées n’avaient aucune clarté, un froid d’horreur les arrêtait ; je ne pouvais proférer aucune plainte, car la douleur entrait en moi comme un liquide dans un vase…….

<.Lorsqne nous vînmes habiter cette maison à Venise, il avait éprouvé déjà une espèce de crise qui