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AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. m’effraya beaucoup : c’était en été ; la chaleur lui avait causé une inquiétude et un malaise qui lui firent croire qu’il était atteint d’une maladie très grave. Un matin, il arrive à l’atelier où je travaillais, se jette sur une chaise et, poussant un grand soupir, il s’écrie : « Mon « cher Aurèle, c’est fini de moi ; dans quelques jours, « je serai mort ! » Je faillis tomber à la renverse. Cependant comme je ne vis pas immédiatement des signes sensibles du mal qu’il disait éprouver, je m’efforçai de le rassurer. Il m’affirma alors avoir entendu dire qu’il existait des maladies venant tout à coup, et qu’il était certain d’en avoir une de cette sorte. Nous courons à la maison ; on fait appeler un médecin qui, après avoir visité et questionné mon frère, déclara qu’il n’y avait pas apparence de maladie. Léopold fut le premier à rire de sa terreur. Il se remit et bientôt les distractions que nous trouvâmes dans cette maison lui rendirent de la gaieté et son énergie. Nulle part ailleurs il ne se serait trouvé mieux qu’iei, entouré comme il l’était d’amis, de son frère, de trois dames remplies d’obligeance pour lui et qui prévenaient tous ses désirs. Que lui manquait-il ? Y a-t-il de la fante de quelqu’un ?… > Après la mort de son frère, Aurèle Robert ne voulut plus prolonger son séjour daus un lieu qui lui rappelait de si tristes souvenirs. Il revint de Venise dans sa patrie, où il séjourna jusqu’à l’année suivante, voué à une retraite profonde, oceupant tous ses moments à choisir parmi les euvres de son frère celles qui étaient destinées à être exposées à Nenchâtel. On se proposait, avec le produit de cette exposition, d’élever un monument à l’artiste, idée à laquelle ne se rallia pas Aurèle. L’argent obtenu demeura sans emploi, et ce n’est qu’en 1864 qu’il trouva sa desti-