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AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. 341

relevant ses fautes, l’interpellant en italien dans le langage le plus élégant. Aurèle Robert portait le plus vif amour à la jeunesse et jusque dans son âge avancé garda la coutume de faire de longues parties de campagne, dont l’une toutefois pensa tourner pour lui assez mal. « Papa, nous éerit sa fille (e’est M. Rahn qui parle), avait un grand plaisir à se tronver an milieu de son petit pouple, dont il aimait la gaieté et les manières délurées. C’est entouré de la sorte qu’il se plaisait à rire, et qu’il guettait en riant tous les tours qui se faisaient. De temps en temps, se laissant entraîner par la joie générale, il lui arrivait d’amuser son jeune peuple aussi bieu qu’il s’amusait lui-même. C’est dans ces dispositions qu’une ou deux fois l’an il se joignait à une société pour des ascensions au mont Bötzing. Dans ces occasions, il s’amusait royalement et riait autant que les jeunes quand on servait le diner sur des feuilles de choux ou de papier, et quand on mangeait avec des bâtonnets, à la chinoise. Il grimpait encore lestement sur un grand hêtre, sous les branches duquel une vingtaine de personnes auraient pu faire leur sieste. Mon père prenait sa part des jeux, même de celui qu’on appelle Capitaine, partez et qui exige de bonnes jambes. Il aurait voulu toujours pouvoir rivaliser avec les jeunes ; aussi il lui arriva une belle fois qu’à la fin les jambes lui refusèrent le service et qu’il y sentit de cuisantes douleurs ; néanmoins il s’efforça de nons faire continuer. En revenant, mon père, obligé pour marcher de prendre le bras de son fils, n’en parla pas moins avec bonhenr de cette magnifique journée, ajoutant cependant comme moralité que la sagesse a bien son prix. Le lendemain, en effet, il était au lit, malade, abattu, vu qu’il croyait entrevoir