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GYULA

Josi recouvra la santé, mais Terscha n’en retourna pas moins à Kis-Balas ; elle ne pouvait s’en empêcher. Mihal ayant découvert la chose, enferma Terscha dans sa chambre, —on dit même qu’il la lia avee des cordes, — puis se rendit chez Pal, son beau-frère, à qui il adressa les reproches les plus violents, l’aecusant d’avoir eu connaissance de l’amour coupable de sa seur et de l’avoir favorisé ; sur quoi querelle, propos échangés, début de l’inimitié entre les deux beauxfrères. Josi

cependant était depuis plusieurs mois allé reprendre son service, et Terscha n’était dès lors jamais retonrnée à Kis-Balas. Elle mit an monde une fille ; Pal, son frère, demanda à maintes reprises à voir sa seur et son enfant ; Mihal le lui refusa toujours. Peu de mois après la naissance de Juliska, Terscha mourut. De ce moment la guerre entre les ci-devant amis ne fit qu’aller en augmentant ; Pal prétendait que Terscha avait succombé aux mauvais traitements de Mihal, qui dédaignait de se défendre d’une telle accusation. L’un et l’autre, d’ailleurs, étaient trop fiers pour laisser deviner au publie la cause de dissensions intestines, lesquelles auraient risqué de jeter une tache sur leurs noms.

Pauvre petite Juliska ! Mihal ne la traitait pas comme son enfant ; à mesure qu’elle grandissait, il semblait qu’il la regardât comme la dernière des servantes de sa maison. Avec les valets, il était sévère, mais juste ; il les grondait souvent, jamais sans raison ; Juliska, elle, n’entendait jamais ni blâme, ni louange sortir de la bouche de son père, des semaines se passaient sans qu’il lui adressât la parole, et quand le regard de Mihal tombait par hasard sur l’enfant, son