Page:Revilliod - Portraits et croquis, tome 2, 1883.pdf/384

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
374
GYULA

ouverts, le nez touchant presque la terre, qu’ils étaient entrés en faisant voler la neige derrière leurs sabots. Le conducteur assis sur le devant du traîneau laissait négligemment pendre ses rênes ; enveloppé dans sa fourrure, il dormait, ou plutôt sommeillait comme quelqu’un qui possède la faculté de se réveiller quand il le veut, car de temps en temps il se levait sur son séant, il se tournait vers l’intérieur du traîueau et murmurait quelques paroles auxquelles il ne s’attendait pas

à ce qu’on fit grande réponse. A qui s’adressait notre homme ? la personne aurait été malaisée à distinguer, vu que, dans le traîneau, on ne distinguait aucune figure humaine en état de parler, mais on y voyait un loup sanglant et gelé étendu tout de son en partie couvert de paille. Il est vrai que dans long,

le corps dn monstre encore fumant, le conducteur du traîneau avait jeté un être humain pelotonné sur luimême, et dont la tête, enveloppée comme de la peatu d’un gant, sortait de la gueule béante du monstre. L’équipage en question pouvait être à un quart d’heure de Kis-Balas ; les chevaux venaient de prendre à côté de la route un sillon de traîneau conduisant à Nagy-Balas, quand tout à coup ils s’arrêtèrent, levèrent leurs naseaux, dressèrent leurs oreilles, écoutant un son qui devait leur arriver du midi de Kis-Balas. Le condneteur, averti par l’effroi soudain des cavales, effroi dont il ne comprenait que trop bien la cause, reconnut sur-le-champ le péril qui le menaçait. Une bande de loups était proehe, et si notre homme était toujours prêt à aecepter le combat contre un, même contre deux de ces animaux, il savait à merveille qu’à une bande, surtout quand elle est affamée, il n’y a pas à lui résister, ni à lui échapper. Ce fut un bonheur pour l’attelage, aussi bien que pour celui qui le guidait,