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ET JULISKA.

cornes, le couehait prestement à terre, ou chargeant un poulin blessé sur ses épaules, ne se faisait pas trop longtemps prier pour l’emporter au village. Tel était Papafi Pal, aubergiste et juge à Kis-Balas. L’entrée du conducteur du traîneau, non seulement interrompit le conteur dans son récit, mais provoqua comme un soulèvement général. Papafi Gyula ! » crièrent d’une voix ceux qui se trouvaient le plus près de la porte au valet de ferme, en lui appliquant le surnom de son maître. L’instant d’après, le nouvel arrivé était entouré de tous les hôtes du cabaret, qui semblaient délibérer entre eux lequel porterait le premier coup à la tête du jeune homme. Mais Gyula s’adressa à eux et leur dit : « Hommes de Kis-Balas, je ne suis point venu parmi vous pour me faire rosser et meurtrir ; que le diable done boive vos âmes à tous comme de l’eau bourbeuse, si vous ne m’écoutez pas ! » Cet exorde, le nouvel arrivant le prononça de sa voix la plus mâle, et les convives s’étant quelque peu apaisés et remis, il continua d’un ton plus modéré : « Vous savez de reste que je suis votre homme ; je vous donne ma parole que je me mesurerai avee celui de vous qui voudra. Toutefois, pour aujourd’hui, j’ai besoin de retourner chez mon seigneur, chez celui dontje mange le pain ; il m’attend et s’il ne me voyait pas revenir, il croirait que les loups m’ont dévoré, ces loups qui hurlent là-bas dehors à l’envi de la tempête, et qui ont faim et soif autant que moi et mes panvres chevaux. Si vous êtes de vrais Magyars, ce que je crois, vons irez prendre vos carabines et vous viendrez m’accompagner. > Après quoi, il s’établit un mnoment de silence qu’interrompit Pal en appliquant uu horion au valet de l’auberge qui s’était endormi : c Je vous dis qu’il ne