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ET JULISKA.

« Si celui-là, dit Gyula, retouche jamais son archet, qu’il en rende grâce à la bête quej’aituée un moment avant que de le trouver, et à laquelle je n’aurais pas échappé, si je n’avais pas eu le bonheur de l’apercevoir à temps. Peut-être, ajouta Gyula en regardant le Bohémien, que le froid aura déjà emporté sa pauvre âme dans le ciel bleu, où il y aura bicn un petit coin devant le mur du eimetière ! > Les paysans restés dans le cabaret firent cercle autour du corps roidi, s’en emparèrent, se mirent à le frotter avec des chiffons en laine, comme on fait pour combattre la congélation. Pal cependaut considérait avec une curiosité inquiète les traits du gelé, dans les membres de qui la vie semblait revenir peu à peu. Les paysans qui avaient quitté le cabaret venaient d’y rentrer armés de leurs carabines, et la troupe se montait déjà à un nombre respectable, quand un de ceux qui la composaient, s’approchant de Gyula, lui fit observer que ses chevaux, depuis un quart d’henre immobiles au froid, ne manqueraient pas de s’engourdir si on ne les mettait pas incessamment en mouvement. Gyula

alors quitta aussitôt le cabaret, en adressant à ceux qu’il y laissait un cordial Bonsoir, amis ! » Le juge l’accompagna jusqu’à la porte, et au moment de se séparcr, lui tendit la main en lui glissant à demivoix : « Tu es un brave garçon, Gyula ! Je vois avec plaisir que tu aimes la fille de ma seur. Salue pour moi Juliska, et si Mihal pousse les choses trop loin, l’enfant n’a qu’à se souvenir que je suis le frère de sa mère. Pour toi, je te le dis, tu as la liberté de venir dans ma maison, à toute heure, quand il te plaira ! > Gyula venait de s’éloiguer avec une partie des assistauts, Pal alors congédia les paysans qui restaient