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GYULA

en leur faisant comprendre qu’il désirait demeurer seul à seul avec le Bohémien, ajoutant que si plus tard il avait besoin d’eux, il les ferait appeler. Peu de minutes après, Pal était dans le cabaret, senl avec son hôte.

Pal se mit à parcourir la pièce brnyamment, à grands pas, de temps en temps s’arrêtant à regarder le fils d’Egypte, qui reposait sur une sorte de couche qu’on lui avait arrangée à côté du poêle. Minuit avait sonné depuis longtemps. L’haleine de l’homme endormi, désormais moins sonore, reprenait un cours de plus en plus régulier ; Pal, toujours parcourant la chambre, paraissait vouloir attendre le réveil du Bohémien, quand tout à coup, transporté par une idée folle, il saisit le dormeur de son poignet de fer, l’éleva dans ses bras, et se mit à le balancer comme la nourrice balance son enfant qui pleure, tant que le dormeur, tiré violemment de son sommeil et ne se rendant pas compte de ce qui lui arrivait, se prit à appeler au secours. Pal alors déposu doucement son fardeau à terre, et apporta une eruche pleine qu’il tendit au Bohémien en lui disant : « Tiens, Juros, bois et tâche de te tenir en belle humeur, car j’ai à te parler, et à te parler longtem ps. » A la voix de Pal, le Bohémien avait tressailli, s’était levé et serait tombé à terre de frayeur, si Pal ne l’avait souteu et porté sur un des bancs. « Tiens, Juros, bois ! répéta Pal en jetant à son interlocuteur un regard ardent ; sje ne voudrais pas voir ton âme noire quitter comme ça ta maigre carcasse ; c’est moi qui veux t’étrangler, oui c’est moi qui veux étouffer de mes mains jusqu’au dernier souffle dans tes poumons, que tu saches que c’est Papafi Pal qui a mis fin à tous tes tours de bandit ! » A ce moment, la