lampe jeta sa dernière lueur et s’éteignit, sur quoi ces deux hommes restèrent seuls en face l’un de l’autre dans les ténèbres. « Laisse-moi vivre ! > eriait le Bohémien d’une voix dolente, en se tordant sur le planeher comme un ver de terre aux pieds de Pal. « laisse-moi vivre et je te dirai tout. > Pal, le juge de Kis-Balas, fit boire Juros, mais de façon à montrer que ce qu’il voulait, c’était seulement lui rendre la force et le courage de se défendre. « Ne me tue pas ! » continuait Juros du ton le plus lamentable ; e je te le jure, oui, par l’étoile qui veille sur mon destin, je te le jure, je te rendrai ton fils ! Tu le jures ! répéta Pal avee un rire strident et terrible, tu l’as déjà juré une fois et tu as menti ! Non, je ne veux plus de mon fils depuis que tu en as fait un Bohémien ! J’aurais voulu que tu m’eusses rendu l’enfant ; en grandissant, il m’aurait appelé mon père, et serait devenu un Magyar aussi bien qu’aucun des fils d’Arpad ; aujourd’hui il doit avoir vingt ans, et je ne veux pas de sou corps si le vrai ceur du Magyar lui fait défaut. >
Čes dernières paroles, Pal les prononça avec l’accent d’une tristesse si profonde, que Juros en reprit immédiatement l’haleine et l’espérance ; il connaissait trop bien les IIongrois pour ne pas voir aussitôt un moyen de s’arracher au danger pressant qui le meaçait. La haine, la colère, la vengeance peuvent faire du IHO-grois un tigre ; la douleur en fait un enfant. Juros se leva, prit la grosse cruche qu’il avait déjà vidée à moitié, en but encore un long trait ; sur quoi, se redressant avec une sorte de fierté : « Pal, dit-il au Magyar, j’ai autant de raisons de te haïr que tu en as de ne pas m’aimer ; ma femme est morte, et nous étions nés sous une même étoile, laquelle s’est eachée « Seigneur,