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GYULA

à son trépas. Je le sais, Pal, il ne me reste plus longtemps à vivre, mais je ne veux pas mourir de ta main, parce que tu n’as pas le droit de me punir ! Peut-être ai-je commis bien des actions mauvaises, aueune à ton égard ! Tu aurais mérité bien autre chose que ce que je t’ai fait. Jamais aucun fils de nos tribus n’a rompu un serment prêté sur son étoile ; eh bien ! l’enfant m’a été pris, aussi bien que je te l’avais pris, à toi qui l’as mis au monde. Quand il eut deux aus, je le vendis à Temeswar à une femme qni vonlait l’élever, cette femme est de ta tribu et a traité l’enfant plus mal que ne l’aurait traité une Bohémienne. Quand je te tombai entre les mains et que je promis de te rendre l’enfant, j’allai le dérober dans la maison de cette femme et j’avais l’intention de te le ramener, mais on est venu me l’enlever à moi-même. J’ai pensé que la chose avait eu lieu à ton instigation, j’ai su que c’était ton beau-frère qui l’avait fait prendre. Suivant mon idée, je pensais qu’il était de nouveau en ton pouvoir ; depuis lors, je ne m’en suis plus embarrassé. Ce n’est que logtem ps après quej’appris que l’enfant n’était pas chez toi ; mais il n’était plus possible d’aller le rechercher. Ton fils n’a jamais été enfant de Bohémien, et si aujourd’hui tu tiens encore à lui, va le redemander à ton beau-frère, ou dis seulement à Gyula que tu es son père, et reprends le dans ta Iu aison conme ton fils. > Pal avait écouté avec une angoisse indescriptible les explications de Juros, et si ee dernier avait pu, dans les ténèbres, voir le jeu de la physionomie de sön interlocuteur, nous pensons que Juros, devant le feu de cette passion contenue, se serait tu. En entendant le Bohémien prouoneer le nom de Gyula, Pal se prit la tête dans ses deux mains et se tira sa che-