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ET JULISKA.

était déjà avancée, et à la fenêtre de la grande chambre de sa maison on apercevait encore de la lumière.

Les valets depuis lougtemps étaient couchés, mais le souci que Mihal éprouvait à l’endroit de Gyula ne lui laissait goûter auenn repos. Il avait envoyé le jeune homme à Temeswar y faire des emplettes, il aurait di être revenn depuis longtemps ; la nuit avançait et l’on n’entendait rien, la nuit avançait et l’on ne voyait personne.

La pensée qu’il pouvait être arrivé un accident à Gyula abordait bien Mihal, mais iei et là, en passant, sans affecter une forme précise, vu que pour paysan du Banat, accoutumé à ne sortir jamais sans armes, la rencontre de deux ou trois loups n’a rien de bien effrayant, et ce n’est que dans des cas très exceptionnels et fortrares que ces animaux font leur apparition par bandes nombreuses dans les plaines de la Hongrie. Mihal, néanmoius, ne parvenait pas à dormir, vu qu’il avait pris Gyula en affection ; il le chérissait le

comme un fils. Ajoutons que dans la maison de Mihal il y avait une autre personne que l’inquiétude tenait éveillée : cette personne, c’était Juliska. Depuis deux ans que Juliska avait cessé d’être une enfant, elle habitait un cabinet attenant à la chambre de Mihal, le même cabinet que sa mère avait habité avant elle ; il ne possédait qu’une petite fenêtre fortement grillée, donnant sur un jardin elos de haies, et n’avait d’autre entrée qu’une porte débouchant sur la chambre voisine.

C’était comme un ordre tacite que Juliska dût se coucher avant son père, qui, par suite d’nne ancienne habitude, venait pousser lui-même le verrou de bois 25