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GYULA

de la porte, sans se soucier, cela se comprend, de s’assurer si Juliska dormait ou nou. Le matin, elle ne quittait sa chambre qu’à l’heure où son père descendait aux éeuries y réveiller les valets.

Juliska, bien que quelque peu prisonnière, aimait pourtant sa cellule, car que de fois après que tout le monde s’était rendu au repos, Gyula ne s’était-il pas glissé en tapinois jusqu’à sa fenêtre basse, ponr babiller avec la jeune fille à travers les barreaux, ces témoins muets des causeries des deux amants. Mihal n’aimait pas que Juliska se trouvât le matin la première à lui souhaiter la bienvenue, une journée commeneée de la sorte menaçait toujours de devenir orageuse. Juliska gouvernait la maison, elle veillait au ménage, elle tenait les clefs, mais le pouvoir de commander ou de rien modifier dans l’intérieur de Mihal ne lui avait jamais été dévolu ; e’était Gyula qui avait pris sous son bonnet de partager son autorité avee la jenne fille, vu que tout ce que Gyula déeidait était accepté du juge, et si le moindre des valets avait manqué, il suffisait que Gyula le voulût pour que les torts fussent oubliés ; il est vrai d’ajonter que le jeune homme était honnête et intelligent plus qu’aucun autre.

Ce soir-là, si Juliska ne pouvait trouver aucun repos, c’était moins parce que son père encore habillé ne cessait d’arpenter la chambre en tous sens, que par ce motif d’inquiétude qui tourmentait Juliska peut-être plus encore que son père. Dans la chambrette, dont la porte était restée ouverte pendant toute la journée, le froid avait pénétré, y était devenu même très sensible ; Juliska ne s’en apercevait guère, ses joues brûlaient, et c’était un