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GYULA

résolu, mais sans bravade ; oui, il faut que je sache ce que Gyula est devenu ; il est en danger, et si tu me retiens iei de force, vois-tu, mon sang jaillira de mes veines. Je n’ai pas peur de toi, père, car j’aime Gyula !

Qu’elle est bien l’enfant de sa mère ! murmura à part soi Mihal avec courroux ; c’est là aussi ce qu’elle me disait, mais je l’attacherai à la colonne de son lit, comme j’ai fait à cette femme q ui m’a trahi….) De nouveau Mihal moutra à Juliska d’une main la porte de sa chambre, pendant que l’autre tenait la table convulsivement serrée, comme s’il avait voulu se retenir lui-même pour ne pas s’élancer sur Juliska. La jeune fille toutefois ne s’en allait toujours point. « Père, dit-elle avec une résolution croissante, tu me hais et tu ne veux pas que Gyula m’aime ! que t’aije fait ?

Si tu m’avais fait quelque chose, lui répondit Mihal, je t’aurais traitée encore d’une autre façon. A présent, va-t-en, et pas un mot de plus. > Cependant Juliska ne s’en alla point ; au contraire, elle se mit à parler de son amour pour Gyula, et son père l’écoutait avec une expression de sombre colère. A un geste du juge, la malheureuse jeune fille ne put s’empêcher de se laisser tomber sur ses genoux, et Mihal, le poing levé, allait frapper, qnand sa main puissante se sentit tout à conp retenue. Gyula était devant lui.

« Si tu veux frapper la jeune fille, seigneur, frappemoi plutôt, dit Gyula d’un ton à la fois calme et ferme, je supporterai mieux les cou ps. > Mihal n’iusista pas ; Gyula n’aurait pu, du reste, que diffieilement repousser son attaque, vu que Juliska, s’étant jetée à son cou, le tenait si étroitement