Page:Revilliod - Portraits et croquis, tome 2, 1883.pdf/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
391
ET JULISKA.

embrassé, qu’il anrait eu plus de peine à se débarrasser de l’étreinte de la jeune fille, qu’à résister aux violences du père.

Quant à nous, il nous serait difficile de décrire le sentiment avee lequel Mihal considéra les deux amants ; tonjonrs est-il que dans son âme une douleur violente avait dû succéder à sa haine passionnée, car s’étant appuyé contre la muraille, il ent peine à reprendre son haleine devenue bruyante comme un sanglot. Juliska, revenue de son premier effroi, quitta Gyula pour retourner vers son père ; les mains jointes, le regard humide de larmes, elle s’arrêta un instant devant Mihal, qui se détourna sans prononcer une parole ; sur quoi Juliska rentra leatement dans son humble chambrette. Elle venait de retronver Gyula, seule circonstance capable de lui donner la force de se montrer obéissante comme venait de le lui demander son amant.

Alors Gyula raconta à son seignenr les événements de la journée : « Tu n’aurais jamais dû aceepter l’aide des gens de Kis-Balas ! dit le juge d’un air sombre ; pour moi, j’aimerais mieux périr honorablement que d’être sauvé avec honte d’un danger, et s’il ne s’agit que des chevaux, je les aurais tous donnés pour que tu’eusses pas été à Kis-Balas.> Sur quoi, quittant ce sujet, il en revint à Juliska : « Gyula, đit-il au jeune homme, je t’aime ; onblie Juliska ! Seigneur, je ne le puis. — Je t’ai reeueilli sur le grand chemin ; je t’ai pris dans ma maison, je veux faire de toi un gentilhomme, le juge de Nagy-Balas ; mais oublie Juliska ! Epouse la plus humble ou bien la première fille du village, j’y donnerai mon consentement, et avec elle tu auras mes champs et ma maison.