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GYULA

– Papafi Mihal, je le sais, je te dois tout ; mais je ne puis suivre ton conseil, parce que je le trouve mauvais. Ton bien appartient à ton enfant ; si tu veux me donner ton enfant, fais-le ; moi, pour fomme, je n’en veux point d’autre qu’elle. — Et rien ne peut te détourner de ton dessein, Gyula ? dit Mihal d’une voix sévère. Non, Monsieur !

Gyula, dès cette heure, je te renvoie de mon service ; tu es libre d’aller te chercher un nouveau maître. >

C’est ainsi q ne parla Mihal, en tournant le dos au jeune homme, pour lui montrer qu’il n’avait qu’à s’en aller et à partir sans retard ; peut-être aussi, le juge ne voulut-il pas laisser apercevoir à son interlocuteur que des larmes s’échappant de sa paupière roulaient jusque sur sa moustache. Gyula se retira en chancelant. Avant de quitter la maison, il repassa encore une fois devant la chambro de Mihal et s’arrêta à la porte de Juliska.

Il frappa ; au deuxième coup léger, Juliska ouvrit ; Gyula la pressa sur son ceur, l’embrassa tendrement et lui ayant dit : « Dieu te bénisse ! » la repoussa soudain loin de lui. La porte de Juliska refermée, Gyula rentra encore une fois chez Mihal : « Seigneur, lui dit-il avec nne émotion profonde, donne-moi ta main ! Je ne t’en veux pas, car tu ne dois pas avoir en l’intention de me faire de la peine. » Sur quoi, Gyula sortit ; avant que le soleil fût levé, il avait quitté la maison de Papafi Mihal. Le lendemain, au moment juste où l’horloge du village sonnait midi, Papafi Pal, le juge de Kis— Balas, se dirigeait à pas lents dans la grand’rue de NagyBalas, vers la maison de son ennemi le plus acharné.