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ET JULISKA.

Dans le maintien de Pal il y avait je ne sais quelle ex pression solennelle, et l’air de son visage dénotait cette tranquillité qu’éprouve un homme qui a la conseience de ses actions et se sent par là en sûreté, même au milieu de ceux qui lui en veulent. Les habitants de Nagy-Balas, qui avaient appris la façon dont lenrs ennemis s’étaient conduits la veille au soir à l’égard de Gyula, saluèrent Pal d’un cordial Isten hozott, Dieu t’amène. Au moment où Pal entra dans la cham hre de son ennemi, il trouva contre son attente Mihal dans un état de douleur et de colère tel, qu’oubliant les paroles qu’il avait résolu de lui adresser, involontairement il lui dit : « Qu’as-tu, Mihal ? » Celui à qui l’on s’adressait fut infiniment moins surpris de la présence de Pal que de la question ; mais se remettant aussitôt, il répondit : « Si tu viens me tendre une main de réconciliation, tu as raison, car la bonne vierge veut t’accorder la faveur de me rendre, à moi et à mon village, le plus signalé service. Mais ee n’est pas beau à toi de vouloir pour cela me confondre, moi et les miens ; et si nous avions eu le bonheur de tirer un des vötres du danger, nous në serions pas après allés chez vous : nous serions bien restés vos ennemis comme avant. — Je ne suis pas venu chez toi pour te confondre, dit Pal en appuyant sur chacune de ses paroles, mais bien pour t’adresser une question et te conter quelque chose. Sache que si tu veux rester mon ennemi, tu en es libre. Tes torts ne seront pas plus grands aujourd’hui qu’ils étaient hier, que dans le temps où tu as commencé à t’élever contre moi et les miens. — Si tu n’étais pas comme ça chez moi en ami, répondit Mibal, et si je ne te devais pas de la recon-