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ET JULISKA.

aussitôt l’attention du vieux sergent, qui n’avait pu voir ce jeune garçon, si beau, si bien découplé, sans éprouver un désir ardent de le gagner à sa cause. Gyula, Ini, suivait les menées des recruteurs avec une indifféreuce profonde ; ses pensées n’avaient d’autre objet que Juliska, et il était demeuré tranquillement à s a place, pendant que les autres jeunes villageois entouraient le hussard, avec qui ils buvaient à la santé de leur engagement. Gyula vit sans s’émouvoir les recrues essayer leur kalpak et se laisser costumer en hussards. Plusieurs fois déjà il avait porté la cruche à sa bouche, mais sans avoir le courage de boire ; il semblait qu’au milieu du tapage qui se faisait dans le cabaret, on l’eût complètement oublié, et pourtant il y avait deux personnes qui, par des motifs bien opposés, ne cessaient de le surveiller : l’un était le sergent de hussards, l’autro était un des trois musieiens, le Bohémien Juros.

Juros avait rencontré ses frères de la Bohême sur la ronte allant à Temeswar et, sans autre forme de procès, il s’était joint à cux. Avec les recruteurs, il y avait habituellement quelque chose à quelque chose à boire ; le Bohémien entrevit, d’ailleurs, qu’il tronverait l’occasion de rendre un grand service à son nouvel ami Pal, et cette circonstance, il la considéra pour lui comme d’un bon augure ; son étoile devait être contente, elle avait recommencé de briller dans le ciel. gagner, surtout

Quand Juros vit Gyula entrer dans le eabaret, il pensa laisser tomber son archet, tant il fut saisi ; puis, un seul regard jeté sur la figure bouleversée du jeune homme suffit à révéler au pénétrant Bohémien ce qui s’était passé chez Mihal, et bien qu’il ne se rendît pas tout d’abord un compte parfaitement exact des