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GYULA

événements, la présence seule de Gyula dans ce lieu montrait assez à Juros que, dans l’intérêt de Pal, il devait veiller sur ce garçon, d’autant qu’on ne pouvait guère croire que les reeruteurs laisseraient échapper facilement une proie si belle. Quelque honorable que fût pour Gyula le métier de soldat, la pensée du déscspoir de Pal fit taire dans son ceur toute autre considération. Pendant que les jennes paysans et les hussards tapageaient ensemble, se bousculaient l’un l’antre, Juros, prenant le sergent par le bras, lui souffla dans l’oreille : Josi, tu vois ce garçon qui est arrivé le dernier et qui se tient là-bas assis si tristement devant sa cruche ? il ne faut pas en faire un hussard. — Il ne faut pas en faire un hussard ? répéta le militaire assez haut pour être entendu de bien d’autres que du Bohémien ; pourquoi pas ? Mêle-toi de passer ton arehet sur ton violon, et ne t’embarrasse pas des hussards et des recrues ! Josi reprit alors le Bohémien, il y a bien assez d’autres beaux garçons dans le pays ; si tu vas boire avec celui-là, si tu acceptes qu’il te frappe dans la main, tu auras sur la conscience de me voir faire quelque bêtise et de m’avoir fait accrocher à la potence ; je te le jure iei dans ce moment, Papafi Gyula n’est pas fait pour devenir un hussard ! > Le vieux sergent frissonna comme si une balle lui avait effleuré la chair ; au bout d’un instant il reprit à voix basse : « Tu me dis qu’il s’appelle Papafi Gyula, il est de Nagy-Balas ? Je connais bien Mihal, est-ce son père ? »

Le Bohémien jeta au soldat un regard serutateur. Evidemment Juros était dans l’embarras ; il no savait s’il devait répondre à la question en disant