Page:Revilliod - Portraits et croquis, tome 2, 1883.pdf/416

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
406
GYULA

ton bourru le vieux sergent, qui, tout en hochant vivement la tête, se rapproecha du hnssard, son subordonné, afin de le soutenir dans ses efforts de racolage.

Gyula paraissait à peine avoir conscience du lieu où il était, et ee fut quand le sergent l’aborda en l’appelant du nom de Papafi Gyula, qu’il releva la tête et répondit avee une amertume laquelle fit tressaillir le Bohémien : « Je m’appelle Gyula tout conrt et j’ai laissé le Papafi à Nagy-Balas. — Voilà qui est parler ! s écria le vieux sergent en partant d’un grand éclat de rire ; celui qui vient chez les reeruteurs dépouille son vieil habit et laisse ses vieux chagrins ; à présent, Gyula, lève-nous la tête et ne fais plus comme ça la grimace ; celui qui veut être hussard deit savoir bien boire, bien rire, bien monter à cheval ; à ceux qui ne le savent nous qui le leur apprenons ! Allons, à ta santé et à ton bonheur, frère ! >

Gyula souleva la crnche qu’il allait porter à ses lèvres, toutefois pas une goutte n’avait encore pu les mouiller, quand voici qu’une cruche s’en vint voler contre celle que tenait le jeune homme et la brisa en éclats.

< C’est un tour da Bohémien ! > dit le sergent, et il se retourna ; mais Juros, immobile, son violon à la main, lui arrachait des sons plaintifs. Au milieu du vacarme qui se faisait dans le eabaret, on ne put découvrir l’auteur du méfait ; Juros avait atteint son but, Gyula n’avait pas bu. < Ce sera quelque bêtise d’un de ces drôles, à qui la joie d’être hussard aura tout à coup porté à la tête, > dit le sergent en se tournant vers Gyula, à qui il essayait, par son ton câlin, de faire oublier cat épisode intempestif. pas,

c’est