Page:Revoil - Les Exiles.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nouvelle qui serait démentie. Le deuil ne pouvait pénétrer dans son âme ; elle n’avait jamais vu mourir, aucun souvenir d’agonie ne lui représentait les derniers moments de son mari ; il lui apparaissait toujours vivant, plein de santé, et sa douleur n’avait pas de prise à cette image ; l’état de son âme était une alternative douloureuse entre l’incrédulité du malheur qui l’avait frappée et le sentiment de ce malheur même. Peu habituée à ces luttes pénibles de la pensée, elle résolut d’en sortir en allant, dans les lieux mêmes où son mari était mort, chercher un aliment à une douleur qu’elle se reprochait de ne pas éprouver assez vivement. La santé de sa fille s’était fortifiée ; c’était une belle enfant de cinq ans, encore délicate, mais fraîche et rose.

On était au printemps. La duchesse partit pour l’Allemagne avec sa fille et un