Page:Revoil Voyage au pays des Kangarous 1885.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
AU PAYS DES KANGAROUS



CHAPITRE XXII

Le dernier stratagème de Black Peter. – Le feu autour de la forteresse. — La sentinelle. — La pluie survenant à propos. — Le siège sérieux. — Le combat. – Défaite de Peter. — L’abandon de la forteresse. — On se remet en marche. – Repos dans les déserts.


Les jeunes gens comprirent enfin que Black Peter était retourné du côté des noirs, à qui il s’adressait en faisant de grands gestes, leur désignant la forêt sombre et cherchant à les entraîner en avant. Les sauvages s’étaient rapprochés, et se tenaient près d’un massif de buissons peu élevés qui semblait fort les préoccuper.

Quelques moments après, les sentinelles vigilantes virent, à leur grande terreur, des torches s’agiter, briller et pétiller dans les mains des indigènes, qui s’avancèrent en courant du côté de la forêt.

Cette résolution était désespérée et les jeunes gens se hâtèrent de faire retraite du côté de la grotte du volcan en ayant soin de ne pas laisser la moindre trace de leur passage. Ils se réfugièrent en cet endroit et fermèrent la seule entrée qui restât ouverte avec une grande pierre plate, de façon que cette pierre fût placée en dessous des broussailles. Il ne restait plus que quelques fissures qui donnaient de l’air aux prisonniers volontaires et leur permettaient de voir clair dans l’intérieur.

Lorsque Max Mayburn fut informé des moyens employés par Black Peter et les sauvages pour arriver jusqu’à la petite caravane, le pauvre vieillard resta sans voix, complètement abattu, jusqu’au moment où Marguerite le supplia de reprendre courage.

« Hélas ! ma chère enfant, il ne nous reste plus qu’à nous résigner et à prier Dieu.

— Vont-ils nous brûler tout en vie ? demanda Ruth en sanglotant. Ah ! mes poules ! Oh ! mes pauvres pigeons !

— Silence, Ruth fit Marguerite. La puissance du Ciel est grande. En s’adressant à Dieu, il viendra certainement à notre secours.

— Cette grotte n’est pas la seule, fit remarquer Hugues ; Gérald et moi avons découvert quelques boyaux qui doivent aboutir à d’autres issues. L’important est de tenir bon pour user la patience de ces coquins. »

Max Mayburn avait repris courage ; il s’était adressé au Seigneur, et sa famille avait suivi cet exemple.

« Oui ! je le sens, s’écria-t-il enfin, nous serons secourus par la Providence. Ayons confiance en elle. »

Les assiégés tinrent alors conseil afin de savoir quels étaient leurs moyens de défense et les ressources dont ils disposaient. La poudre avait été soigneu-