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AU PAYS DES KANGAROUS





CHAPITRE XXX

Une proposition de mariage. — Bill est repoussé. – Ses moyens de vengeance. — Vol au fond des poches. — Retour de Jack. — Encore Black Peter. — La fête des « coureurs des bois ». — Fuite dans la nuit. — Chasse à l’émeu. — Les chasseurs désappointés. — La poursuite. – Le stratagème.


Le pauvre Davy n’était point incorrigible, et tous les prisonniers employèrent les meilleures paroles pour lui faire reconnaître ses fautes et lui indiquer les moyens de les réparer. Le seul obstacle était le frère de ce malheureux, qui ne cessait de venir visiter les Mayburn et avait osé prétendre à la main de Marguerite.

« Je sais bien, disait ce bandit, que celle qui deviendrait ma femme se refuserait à habiter, comme je le fais, avec ces sauvages errants ; mais mon intention est de m’établir, de construire une maison et d’y ouvrir une taverne au milieu des bois. Mme Bill se prélasserait comme une reine, en compagnie de son père et de ses frères. »

Hugues et Gérald eussent volontiers pris le coquin par les épaules, afin de le jeter à la porte mais Arthur arrêta son frère et son ami, et intervint auprès de son père.

« Bill, dit-il au convict, épargnez dorénavant à ma sœur un discours aussi absurde qu’insultant. D’autre part, elle est trop jeune pour penser à s’établir ; et enfin son éducation, ses principes religieux, s’opposent à une union contractée avec un « coureur des bois. »

— C’est à voir, répliqua Bill, qui regarda méchamment son interlocuteur. Vous auriez dû laisser parler mademoiselle elle est d’âge à s’expliquer sans interprète. Lorsque j’aurai touché votre rançon, nous verrons ce qu’il restera à faire. Il n’a pas été question de votre sœur dans le marché, et vous jugerez alors du pouvoir que j’exerce en ces lieux. »

Marguerite éprouva une terreur indicible à ces paroles elle regrettait l’absence de Jack, qui était toujours d’un bon conseil dans ces affaires difficiles. On pouvait fuir avec l’aide de Baldabella, qui se montrait chaque nuit, et de Davy, qui, honteux de la proposition de son frère, avait enfin ouvert les yeux et comprenait qu’il suivait un chemin très périlleux.

La hutte d’écorces qui se trouvait à l’extrémité du campement, tout près d’un bois touffu, avait été séparée en deux au moyen d’écorces nouvelles fournies par le convict repentant. Grâce à cette espèce de paravent, qui cachait les dames à la vue des nègres gardiens des prisonniers, on pouvait ouvrir un trou par derrière, afin de se sauver pendant l’osbcurité.

Toutefois, à moins d’être réduits aux dernières extrémités, les captifs ne voulaient rien entreprendre avant le retour de Jack. Ils espéraient que celui-ci amènerait des auxiliaires qui les tireraient des mains des audacieux « coureurs des bois ». Ce qui n’empêcha pas que l’on fit part à Baldabella