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AU PAYS DES KANGAROUS

rent, et parvinrent à se creuser un trou au milieu des roches, en réservant deux ouvertures pour surveiller leurs ennemis.

Les naturels se tenaient toujours à la même place autour de la barque échouée ; mais Jack et Arthur entendirent bientôt des coups de marteau qui éveillèrent leur attention. Black Peter leur parut occupé à réparer une avarie Auprès de lui se trouvait la boite de charpentier contenant les outils que le convict avait volés aux naufragés et la hache qui leur avait fait défaut.

Arthur fut d’avis que Black Peter avait amené les sauvages à cette place pour s’emparer du reste des objets sauvés du naufrage du Golden-Fairy : il émit aussi l’opinion que ce misérable avait apporté les outils pour fabriquer un radeau, afin d’emporter le butin que n’eussent pu contenir les petits esquifs à une ou deux places qui portaient les naturels. Mais Black Peter ayant trouvé la barque échouée, s’était dit qu’il était préférable de se servir de cette épave pour le but proposé.

« Je souhaiterais que ces figures cuivrées laissassent une de leurs embarcations sur la plage, afin de savoir comment ils les fabriquent et surtout de quelle façon ils lient les deux extrémités. Je désirerais particulièrement les voir se risquer sur cette « boîte » car ils seraient tous noyés, ou peu s’en faut. »

Arthur dissuada Jack de s’avancer plus près pour mieux voir les canot. C’eût été risquer sa vie et celle des autres.

Les deux jeunes gens se contentèrent de surveiller le travail de Black Peter. Enfin, avec l’aide des naturels, le convict remit l’embarcation à flot, et l’on vit bientôt tous ces hommes chanter en dansant pour exprimer leur joie enfantine.

Black Peter choisit alors trois d’entre eux pour l’accompagner dans l’embarcation. Ces sauvages, à l’aide d’avirons et de pagaies empruntées à leurs canots, parvinrent à faire mouvoir la barque de Jack à travers les rochers, au grand contentement des spectateurs, qui poussaient des cris de joie et se jetèrent dans leurs canots pour faire escorte à Black Peter.

Les deux jeunes gens suivirent toujours des yeux le convict et ses nouveaux amis, persuadés que tous ceux qui montaient l’embarcation allaient sombrer ; mais il n’en fut rien : soit que l’eau eût fait gonfler le bois, soit que Black Peter eut remédié à ce qui manquait à l’œuvre de Jack pour la rendre parfaite, ils virent l’embarcation s’éloigner, et bientôt elle disparut à l’un des coins de la côte.

Arthur et son compagnon hâtèrent le pas et se dirigèrent vers un point de l’île plus au sud, d’où ils devaient apercevoir encore la flottille, qui fuyait à force de rames dans la direction d’un point noir, lequel devait indubitablement être une île éloignée.

Quand les deux jeunes gens furent convaincus que les sauvages s’étaient tous éloignés, ils s’avancèrent vers la plage, afin d’examiner l’endroit où ces hommes inconnus s’étaient arrêtés.

Jack était contrarié en songeant que le résultat de son travail et de son industrie était devenu la proie de ce misérable Black Peter. Il eût été content de voir le bateau s’enfoncer avec tous ceux qui le montaient.

En parvenant sur la plage, le brave garçon se rasséréna en découvrant un