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rent son corps et l’ensevelirent, avec des larmes. Les parents des jeunes hommes vinrent aussi. Mais quand ils voulurent les enterrer aux côtés du tombeau de la jeune fille, les parents du jeune homme du pays de Tsou dirent : « Il est naturel que l’homme du même pays soit enterré au même endroit ; mais l’homme d’un pays étranger ne devrait pas reposer dans cette terre. » Alors les parents du jeune homme d’Izoumi apportèrent dans un bateau de la terre du pays d’Izoumi, et ils purent enfin l’ensevelir. C’est ainsi qu’existent encore les deux tombeaux des jeunes gens, à gauche et à droite du « Tombeau de la jeune fille[1] ».


b. — LE ROMAN DE COUR GHENNJI MONOGATARI

Après les anciens contes, où le genre narratif s’était déjà distingué par une originalité si riche en promesses, le roman paraît enfin, dans toute son ampleur, avec le Ghennji Monogatari de Mouraçaki Shikibou.

MOURAÇAKI SHIKIBOU

Mouraçaki Shikibou est une des plus touchantes figures de l’histoire japonaise, en même temps que la plus illustre entre les femmes d’esprit qui brillèrent à la cour de l’an 1000. Pourtant, chose curieuse pour une époque qu’elle-même nous a fait connaître jusqu’en ses moindres détails, nous ne savons ni quel était son vrai nom, ni quand elle naquit ou quand elle mourut, ni même en quelle année parut le grand roman qui devait la rendre immortelle et qui, étant resté comme le plus fameux produit, non seulement de la littérature féminine, mais aussi de toute la littérature classique, peut donc être considéré, pour qui se place au point de vue indigène, comme le chef-d’œuvre de la littérature japonaise en général.

  1. Otomé-zouka. On montre encore ce tombeau, non loin de Kôbé.