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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

nécessaire de faire connaître à mesure qu’ils apparaissent dans leur poésie. La culture nationale, avec sa vie matérielle particulière, avec sa vie sociale pleine de coutumes étranges, avec sa vie morale surtout, qui comporte une philosophie, une éthique, une esthétique parfois singulières aux yeux des Occidentaux, demandait, elle aussi, à plus forte raison, des explications perpétuelles. D’autant qu’un des traits essentiels de la littérature japonaise, impressionniste comme tous les autres arts du pays, consiste justement à procéder plutôt par allusions que par affirmations nettes et à laisser sans cesse au lecteur le plaisir de deviner les perspectives lointaines d’une pensée inachevée. Cependant, pour diminuer autant que faire se pouvait la part des notes au profit du texte, je me suis attaché à donner des documents qui s’éclairent les uns par les autres : par exemple, dès le début, un livre presque entier du Kojiki répond d’avance à toutes les questions mythologiques, de même qu’un peu plus loin la Préface du Kokinnshou annonce l’esprit et le sens de quelques centaines de poésies.

Quant à la transcription des mots japonais, je n’ai pas cru devoir suivre la notation usuelle de la Romaji-kwaï, « Société (pour l’adoption) des lettres romaines » qui rend ces mots par des voyelles italiennes et des consonnes prononcées comme en anglais. Rien de plus commode que ce système, auquel sont habitués tous les japonistes, à la fois pour l’auteur, pour les spécialistes qui, comme lui, ont coutume de s’en servir, et pour les lecteurs de langue anglaise. Mais ne faudrait-il pas songer un peu, aussi, au lecteur français en général ? Grâce à cette notation, reproduite aveuglément par la presse, la plupart des Français qui ont suivi, avec tant d’intérêt, les péripéties des dernières guerres ont appris