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INTRODUCTION

à prononcer de travers tous les noms d’hommes ou de lieux qu’elles illustraient. Dans un livre, il est vrai, on peut, tout en adoptant cette orthographe à l’anglaise, expliquer d’avance au lecteur comment il devra la retraduire en français. Mais à quoi bon lui imposer ce détour ? C’est comme si, pour lui donner l’équivalence d’une mesure de longueur japonaise, on l’indiquait en yards, qu’il devrait changer en mètres. Mieux vaut aller droit au but. D’ailleurs, cette fameuse transcription, que tant d’érudits regardent comme intangible, n’est nullement exacte. Dans une consciencieuse Étude phonétique de la langue japonaise, préparée à Tôkyô et présentée, en 1903, comme thèse de doctorat à la Sorbonne, M. Ernest R. Edwards est arrivé à des résultats bien différents ; et ses conclusions, fondées sur l’emploi du palais artificiel, du cylindre enregistreur, du phonographe, de tous les moyens dont dispose maintenant la phonétique expérimentale, ne peuvent qu’être admises, en dépit de l’ancienne orthodoxie. Par exemple, jusqu’à présent, un certain son japonais était rendu par le j anglais, prononcé dji ; mais l’observation nous montre que ce son, en principe, correspond plutôt au j français ; il est donc inutile de prendre ici l’intermédiaire trompeur de l’anglais pour enseigner aux Français un son que donne mieux leur propre langue. Pour ces raisons, tant pratiques que théoriques, j’ai adopté dans ce livre un système de transcription plus simple et plus scientifique tout ensemble. À l’exception de la diphtongue ou, pour laquelle j’ai gardé le w anglais qui aide à la distinguer des voyelles environnantes, c’est suivant l’usage de la langue française que doivent être prononcés tous les mots japonais des documents traduits ci-après.