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Malgré la violence
De la tempête à la Barrière
D’Ohçaka,
Je me suis résigné à y demeurer
Pour passer ma vie !

Et il commença de jouer du luth. Hiromaça, en l’écoutant, versait des larmes, et il était ému de pitié. L’aveugle dit : « Comme il fait beau, ce soir !… Que je voudrais avoir, cette nuit, un ami ayant le même cœur que moi, pour m’entretenir avec lui ! » Entendant cela, Hiromaça s’adressa à lui, en disant : « Un homme de la capitale, du nom de Hiromaça, est venu ici » L’aveugle lui demanda : « Qui êtes-vous, vous qui parlez ainsi ? » Hiromaça répondit : « Je suis tel et tel Comme j’aime beaucoup cet art, je suis venu pendant trois ans auprès de votre hutte, et je suis bien heureux de vous voir cette nuit. » Hiromaça entra alors dans la hutte et s’entretint avec l’aveugle. Il le pria de lui faire entendre les airs de la « Fontaine qui coule » et des « Coups contre l’arbre ». L’aveugle lui dit : « Le prince qui n’est plus aimait à les jouer » ; et il les lui enseigna. Hiromaça, n’ayant pas de luth, les apprit seulement par la parole. Il remercia à maintes reprises, et, au matin, il rentra chez lui[1].

D. LES LIVRES D’IMPRESSIONS

LE MAKOURA NO SÔSHI


À la différence des nikki, journaux intimes où l’auteur procède par ordre chronologique, les ouvrages connus sous le nom de sôshi ou de zouïhitsou, c’est-à-dire de « notes » écrites « au

  1. À ce récit, l’auteur ajoute de vagues considérations sur le peu de zèle des hommes de son temps, comparé à l’ardeur studieuse qui posséda cet humble aveugle et qui lui valut l’immortalité.