s’il en est bien ainsi, rares sont les maisons anciennes. Telles, détruites l’an dernier, ont été rebâties cette année ; d’autres, qui furent de grandes maisons, sont tombées en ruines et ont été remplacées par de petites. Il en est de même pour leurs habitants. Dans un endroit quelconque, il y a toujours beaucoup de monde ; mais sur vingt ou trente personnes que vous y aviez connues, deux ou trois survivent. On naît le matin, on meurt le soir. Telle est la vie : une écume sur l’eau.
Ces hommes qui naissent ou qui meurent, qui sait d’où ils viennent et où ils vont ? En cette demeure passagère, savent-ils pour qui ils peinent, ou avec quoi ils charment leurs yeux ? Du maître ou de l’habitation, on ne peut dire quel est le plus changeant. Tous deux sont comme la rosée sur le visage-du-matin[1]. Tantôt la rosée tombe et la fleur reste : mais la fleur se flétrit au soleil matinal. Tantôt la fleur se fane et la rosée demeure : mais la rosée disparaît avant le soir.
Pendant les quarante printemps et automnes qui ont passé depuis que j’ai compris le cœur des choses[3], j’ai vu maints événements étranges.
Le 28e jour du 4e mois de la 3e année de l’ère Anghenn[4], tandis qu’un vent violent troublait la nuit, vers l’heure du Chien[5], un incendie éclata du côté Serpent-Dragon[6] de la capitale et, s’étendant du côté Chien-Sanglier, gagna la Porte de l’Oiseau écarlate, la grande Salle d’audience, les bâtiments de l’Université et le ministère de l’Intérieur[7] ;
- ↑ Açagao. Voir p. 220, et comp. p. 338.
- ↑ Le texte du Hôjôki forme un bloc compact qui pourrait sembler confus si l’on ne mettait en relief, par quelques subdivisions, les parties distinctes qui le composent ; c’est ce que je fais, pour plus de clarté, sans cependant y introduire un numérotage de chapitres proprement dits.
- ↑ Le fond des choses humaines.
- ↑ 1177.
- ↑ De 7 à 9 h. du soir.
- ↑ Sud-est. — Chien-Sanglier, le nord-ouest.
- ↑ Shoujakou-mon, porte située au milieu du côté sud du palais (voir p. 32, n. 2). — Taïkyokoudenn, un de ses principaux