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SIÈCLE DE NARA

Elle «’enferme alors dans une chambre souterraine, qu’elle incendie au moment de sa délivrance, pour établir son innocence par l’épreuve du feu. Les trois enfants qu’elle met au monde, et dont les noms rappellent les phases de l’embrasement, sont : l’auguste Ho-déri (Peu-brillant), 1 auguste Hosoucéri (Feucroissant ) et l’auguste Ho-wori ( Feu-baie sant). L’aîné et le cadet de ces frères vont «Ire les héros des dernières légendes de ■ l’âge dei dieux »,

XXXIX. — lVuGUSTB iCHÀKCB DIS FORTUNES 1 L’auguste Feu-brillant était un prince qui trouvait sa fortune sur la mer, et qui prenait des choses aux larges nageoires et des choses aux nageoires étroites. L’auguste Feu-baissant était un prince qui trouvait sa fortune sur les montagnes, et qui prenait des choses au poil rude et des choses au poil doux. Or, l’auguste Feu-baissant dit à son frère aine, l’auguste Feu-brillant : « Faisons un échange mutuel, et que chacun de nous emploie la fortune de l’autre. » Bien qu’il lui adressât par trois fois cette prière, (son frère aîné) ne voulait pas consentir 1 ; enfin, avec difficulté, l’échange mutuel fut obtenu. Alors l’auguste Feu-baissant, entreprenant la fortune de la mer, jeta sa ligne pour avoir du poisson : mais il ne prit jamais un seul poisson ; et de plus, il perdit l’hameçon dans la mer. Là : dessus, son frère atné, l’auguste Feu-brillant, lui réclama l’hameçon, disant : « Une fortune des montagnes est une fortune particulière, et une fortune de la mer est une fortune particulière. Que chacun de nous rende sa fortune. » A quoi le frère cadet, du Ifihoftnght : « lha-naga-himé, pleine de honte et de colère, cracha, pleura et dit : m La race des hommes visibles changera aussi « rapidement que les fleurs des arbres, dépérira et passera. » C’est la raison pour laquelle la rie de l’homme, est si brève. » 1. Le mot satchi, qu’emploie le texte, veut dire à la fois chance, habileté particulière, instruments familiers et résultats qu’on obtient par eux. 11 faut prendre « fortune » dans ces divers sens, au cours du récit qui va suivre.

2. 11 s’agit d’échanger Tare et les flèches de l’un centre l’hameçon de l’autre. Or, les instruments de travail du primitif sont pour lui des porte-bonheur auxquels il attache le plus grand prix. Chez les Indiens d’Amérique, on préfère l’hameçon unique avec lequel on a pris un gros poisson à une poignée d’hameçons qui n’ont pas encore servi.

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