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Vingt-quatrième année.
7 Aout 1904.
No 32.
L’Art Moderne
revue critique hebdomadaire
BUREAUX : RUE DE L’INDUSTRIE, 32, BRUXELLES
ABONNEMENT : BELGIQUE, 10  FRANCS L’AN ; UNION POSTALE, 13  FRANCS. — LE NUMERO, 25  CENTIMES

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SOMMAIRE

L’Œuvre d’Hugues Van der Goes (Sander Pierron). — L’Art belge. Constantin Meunier, sculpteur et peintre. Nos Peintres. La Peinture belge (Octave Maus). — Retour à Gluck. — Livres de vacances. Les Tendres ménages (O. M.). — Poésie balnéaire. — Chronique judiciaire des Arts. Singulière bévue. — Petite Chronique.


L’Œuvre d’Hugues Van der Goes.

Parmi les gothiques du Nord, Hugues Van der Goes est le peintre dont les œuvres sont les plus rares. À proprement parler, il n’est qu’un seul de ses ouvrages dont l’authenticité soit absolue : l’Adoration des bergers, qui orne la chapelle Santa Maria Nuova, à Florence. Le maître gantois exécuta, comme on sait, ce tableau pour Thomas Portarini, qui représentait alors à Bruges la famille des Médicis. Les autres productions du moine de Rouge-Cloître n’ont point, comme celle-là un état civil indiscutable. Certaines, qui portent cependant son nom, sont d’une authenticité douteuse ; à leur sujet les critiques ne parviennent pas à se mettre d’accord. Les trois panneaux qui peuvent cependant être attribués avec le plus de certitude au célèbre primitif flamand sont la Vierge, des Offices, la Vierge et l’enfant Jésus et Saint Jean dans le désert, du Musée de Munich, celui-ci signé : Hugo V. D. Goes 1172. Longtemps on vit dans le triptyque de l’Adoration des bergers du Musée de Bruxelles une œuvre capitale de l’heureux rival de Thierry Bouts. Dans un coin du volet gauche, au centre de deux verrières, on découvre les initiales H. G. P., qu’on peut traduire par « Hugues Goes, pinxit ». Mais depuis beaucoup d’années, a tord ou à raison, le triptyque (no 105) est catalogué comme étant de l’ « École flamande ».

La patrie de Van der Goes, sa ville natale comme les autres, ne possède donc nulle œuvre certaine du maître. Autrefois elles étaient nombreuses en Flandres et dans le Brabant. On en admirait à Bruges dans plusieurs églises et même dans des maisons particulières, à Gand, à Anvers. Toutes oui disparu sans laisser de traces, la plus grande partie dans la tourmente des troubles religieux du xvie siècle les autres sous le gouvernement autrichien, qui fit vendre à bas prix, en 1785, les œuvres d’art appartenant aux maisons religieuses supprimées par Joseph II. Hugues Van der Goes peignit la majorité de ses œuvres principales avant d’entrer au cloître. Lorsque, à la suite d’une infortune amoureuse dont nous ignorons le détail et dont il ne se consola jamais puisqu’elle le mena à la démence, le peintre prit