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Vingt-quatrième année.
21 Février 1904.
No 8.
L’Art Moderne
revue critique hebdomadaire
BUREAUX : RUE DE L’INDUSTRIE, 32, BRUXELLES
ABONNEMENT : BELGIQUE, 10  FRANCS L’AN ; UNION POSTALE, 13  FRANCS. — LE NUMERO, 25  CENTIMES

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L’ART MODERNE est en vente, à Paris, à la librairie H. Floury, 1, boulevard des Capucines.


SOMMAIRE

L’Art impressionniste (Octave Maus). - Les Eaux-fortes d’Albert Baertsoen (Fiérens-Gevaert). - La Décoration du nouvel hôtel de ville de Saint-Gilles (Ch. V.). — Musique sacrée. — À la mémoire de Guillaume Lekeu (Ch. V.). — La Musique à Liège (J. F). — Des Tableaux vivants à Verviers (A. L.). — Petite Chronique


L’ART IMPRESSIONNISTE

Ne prenez aucun souci des dogmes des écoles et allez droit au cœur.
Sterne

Il n’est guère aisé de définir l’impressionnisme, d’en tracer les limites et d’en particulariser les expressions. Comme toute évolution née d’un cri d’indépendance, d’un geste d’insurrection, il échappe aux théories et méprise les programmes. Il puise sa vie et sa beauté aux sources des spontanéités individuelles, et celles-ci varient à l’infini selon les tempéraments et les influences ethniques.

La dénomination même sous laquelle on le désigne n’a point de signification nette. Elle fut inventée, on le sait, par le Charivari, qui prit prétexte de la légende d’un Coucher de soleil de Claude Monet étiqueté Impression au catalogue de la première exposition organisée chez Nadar, en 1874, pour appeler « Impressionnistes » l’ensemble des exposants. Ceux-ci érigèrent ce vocable en hautaine devise[1].

S’il provoqua une réaction nécessaire contre l’esprit scolastique propagé au xixe siècle par un enseignement basé sur un idéal exclusif, l’impressionnisme renoua les traditions des grandes époques d’art en favorisant l’épanouissement de la libre personnalité de l’artiste. C’est la revendication de cette personnalité, en dehors de tout contrôle académique, — avec l’apport particulier d’une recherche d’effets plus lumineux et l’emploi d’une technique appropriée (usage d’une palette de couleurs pures et division des tons), — qui caractérise, ainsi que l’a dit M. André Mellerio, le grand mouvement dont l’influence a bouleversé la peinture d’aujourd’hui[2]. C’est, aussi, le développement de la sensibilité visuelle. « Les arts optiques relèvent de l’œil et uniquement de l’œil… L’œil le plus digne d’admiration est celui qui est allé le plus loin dans l’évolution de cet

  1. Les Hommes d’aujourd’hui, par Georges Lecomte. Vol. III, n° 366. Paris, Vanier.
  2. L’Exposition de 1900 et l’Impressionnisme. Paris, H. Floury. 1900.