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revue musicale de lyon

direction du Maître Vincent d’Indy et dont le programme comportera probablement le premier acte d’Alceste de Gluck et une partie du Chant de la Cloche. Les personnes désirant faire partie de la Schola comme membres actifs (chanteurs et chanteuses) sont priées de s’inscrire au Secrétariat de la Société, 98, rue de l’Hôtel-de-Ville, où leur seront donnés tous les renseignements sur la Schola Cantorum.

À travers la Presse

Lyon Républicain (Raoul Cinoh). — À propos des coupures dans les opéras.

« … Si l’on veut conserver certaines œuvres du vieux répertoire, on sera obligé tôt ou tard — et j’espère que ce sera tôt — d’y pratiquer des coupes sombres. Luigini, à qui je parlais récemment de cette question, est tout à fait de cet avis — et pour le répertoire du temps jadis, comme en beaucoup d’autres matières, notre ancien chef d’orchestre fait autorité.

Vous avez dans La Juive, dans l’Africaine, dans Robert le Diable — et même dans Les Huguenots — des remplissages qu’il faut avoir la hardiesse de sacrifier ; que dis-je ? il ne faudrait pas chercher longtemps pour trouver des actes entiers — oui, des actes entiers — à supprimer sans que l’œuvre ainsi amputée y perde quelque chose. Bien au contraire, j’estime qu’à tous les points de vue elle ne pourrait qu’y gagner. »

L’Express (L.) — À propos de « Faust »

« De tout l’opéra de Gounod, il n’y a plus guère de vraiment intéressant, pour les habitués du théâtre, que le tableau de la prison, l’acte du jardin et le ballet. Je connais même des amateurs fort estimables et très considérés dans leur quartier, qui s’en tiennent au ballet exclusivement. Et il ne faut pas se hâter de leur donner tort… »

Tous nos confrères se plaignent avec raison de la défectuosité des jeux de lumière au Grand-Théâtre. Le régisseur général devrait réfréner la fantaisie de l’électricien qui, comme on l’a fait remarquer, nous a fait assister, au 2e  acte de Lakmé, aux plus effrayants phénomènes cosmiques.

De plus, remarque justement Le Spectacle :

Les lentilles sont mal dissimulées, le mécanisme se voit par trop et rien n’est ridicule comme ce rayon baladeur de lumière qui s’acharne après les allées et venues du ténor. Cela ressemble fort à la méchanceté du potache qui, dans la cour du collège,

cherche, à l’aide d’un miroir de deux sous, à projeter le rayon de soleil dans les yeux du pion.

Plusieurs de nos confrères s’élèvent également en termes excellents contre la détestable institution de la claque rétablie cette année.

BIBLIOGRAPHIE

Quatre Poèmes de J. Guy-Ropartz

On a eu le tort, à mon avis, de ne point assez remarquer, lors de leur apparition, les Quatre poèmes, d’après l’Intermezzo de H. Heine[1] de M. Guy Ropartz Cette œuvre charmante possède pourtant une qualité infiniment précieuse, la vérité du sujet, du développement et de l’expression ; si l’histoire d’amour, quelque peu banale, que nous voyons s’y dérouler, ne présente aucune sorte d’originalité réelle, elle a tout au moins le mérite d’être éternelle de tous les temps, de tous les pays. Au milieu d’un frais décor, « dans un esquif léger », disent MM. G. Ropartz et Hirsch, nous assistons à la naissance radieuse, à l’épanouissement de cette tendresse ; puis, se dessine l’abandon, avec son habituel cortège de colères et de larmes, qui trouveront leur conclusion naturelle dans le suicide. Vous le voyez, rien de bien nouveau, en ce qui concerne le thème poétique : l’innovation consiste dans la musique — et cependant, quel redoutable parallèle s’imposait avec l’Amour de poète de Schumann, interprète rêvé de H. Heine ! — et les quatre mélodies, que M. Guy Ropartz a su greffer, tour à tour gracieuse et sombres, légères et funèbres, sur le glas d’amour, sanglote en quatre notes d’égale valeur, qui forme le leitmotiv fondamental des Poèmes. Ce thème, pesant et triste, rappelle celui de la Cloche des Morts : c’est le même paysage, bas et sombre, évocateur des landes bretonnes et des désespoirs d’amour, mais, ici, la nuit ne s’étend sur nous que progressivement, dans les deux dernières mélodies, tragiques et fatales, après les légers arpèges du début, prophètes de bonheur, et les syncopes inquiètes annonçant aussitôt la catastrophe irrémédiable.

Henry Fellot.

Le Courrier musical publie comme supplément

à son numéro du 1er  novembre la re-
  1. Chez MM. Bellon et Ponscarme, éditeurs à Paris.