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Et, comme un préjugé ne se développe jamais dans une solitude vierge, l’observateur se trouve en présence d’une inextricable bizarrerie de jugements dont l’absurdité annihile, chez ceux qui les émettent, la minime parcelle de sens esthétique que tout être humain recèle en lui-même.

Je n’en citerai qu’un, celui qui consiste à propager dans le public que, pour chanter la musique de Wagner, il n’est pas nécessaire d’avoir de la voix.

Une gu…, soyons polis, une facilité d’émission de notes aiguës n’est évidemment pas obligatoire pour traduire la magnificence expressive du Récit du Graal, par exemple ; mais la science du chant et l’intelligence artistique servies par un organe, toujours nécessaire, ô naïveté des Simples, sont seules requises par le maître du tragique musical, et aussi par tous les musiciens de son école, pour exprimer la beauté de ses œuvres.

Certes, nul plus que nous n’est sensible au charme de la voix humaine, lorsqu’elle se manifeste dans sa plénitude intégrale, et il serait puéril d’exiger de tous les chanteurs ou cantatrices, que leur vocation dirige vers le théâtre, le même degré de perfection absolue que la Nature dans son impénétrable mystère dispense à certains élus.

Mais ce que nous sommes en droit d’exiger des artistes lyriques de notre époque, ce n’est plus un assouplissement et une exploitation plus ou moins facile de leurs cordes vocales ; et, quoique en pense le spectateur plus haut cité, un chanteur, même — et surtout — doué d’une belle voix, se doit à la réalisation scénique des œuvres musicales qu’il interprète. Et il n’y aucun déshonneur, ni même aucune défaillance vocale, à rouler, meurtri et mutilé, du haut d’une succession de terrasses en escalier ; au contraire, naïf inconnu, il se trouve que la seule minute artistique, en ce bruyant épisode barbaresque de notre « Wagner national », est réalisée pa la personnalité de l’artiste, que votre critique ne peut plus atteindre, ô sincères et candides attardés de l’ut dièze.

Cl. Laroussarie.

Voici, d’après le Ménestrel, le tableau des œuvres nouvelles représentées en France pendant l’année 1903.

Opéra. — La Statue, opéra en trois actes, parole de Michel Carré et Jules Barbier, musique de M. Ernest Reyer (mars). — L’Étranger, action musicale en deux actes, paroles et musique de M. Vincent d’Indy (4 décembre). — L’Enlèvement au Sérail, de Mozart, (4 décembre).

Opéra-Comique. — Titania, drame musical en trois actes, paroles de Louis Gallet et M. André Corneau, musique de M. Georges Hüe (20 janvier). — Muguette, opéra-comique en quatre actes et cinq tableaux, paroles de M. Michel Carré et Georges Hartmann, musique de M. Edmond Missa (18 mars). — La Petite Maison, opéra-comique en trois actes, paroles de MM. Alexandre Bisson et Georges Docquois, musique de M. William Chaumet (5 juin). — La Tosca, opéra en trois actes, thé du drame de M. Victorien Sardou par MM. Giuseppe Giacosca et Luigi Illica, paroles françaises de M. Paul Ferrier, musique de M. Giacomo Puccini (13 octobre). — La Reine Fiammette, conte musical en quatre actes et six tableaux, paroles de M. Catulle Mendès, musique de M. Xavier Leroux, (23 décembre). — À mentionner : la première représentation à ce théâtre d’Iphigénie en Tauride, de Gluck (février), la reprise de Werther, de M. Massenet (avril), et la 1.300e représentation de Mignon, d’Ambroise Thomas (14 juillet).

Gaité (Théâtre-Lyrique). — Hérodiade, opéra en quatre actes et sept tableaux, paroles de MM. Paul Milliet et Grémont, musique de M. J. Massenet (21 octobre). — La Flamenca drame musical en quatre actes, paroles de MM. Henri Cain et Eugène et Édouard Adenis, musique de M. Lucien Lambert (31 octobre). — La Juive, d’Halévy (1re représentation à ce théâtre, 21 novembre). — Messaline, opéra en quatre actes et cinq tableaux, paroles d’Armand Silvestre et M. Eugène Morand, musique de M. Isidore de Lara (24 décembre).

Bouffes-Parisiens. — Florodora, opérette en deux actes et trois tableaux, paroles françaises de MM. Adrien Vély et Schwob d’après la pièce anglaise de M. Owen Hall, musique de M. Leslie Stuart (27 janvier). — L’Épave, opérette en un acte, parole de M. Ernest Depré, musique de M. Émile Pessard (17 février). — Miss Chipp, conte fantastique en quatre actes et cinq tableaux, paroles de MM. Michel Carré et André de Lorde, musique de Henry Bérény (31 mars). — Le Mariage aux Tambourins, opérette en un acte, paroles de M. Fernand Esselin, musique de M. Jules Chastan (14 mai). — La Fille de la mère Michel, opérette en trois actes, paroles