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on ne peut s’intéresser, une recherche incessante de modulations bizarres, une aversion systématique pour les transitions naturelles et un si formidablement entassement de difficultés qu’il faut bon gré, mal gré, perdre patience et renoncer à la lutte. » Breitkopff ne tarda pas à s’excuser auprès du Maître et sollicita l’honneur d’éditer ses œuvres.

Beethoven avait conscience de son génie. Il ne s’émut pas de ces critiques. Dans une lettre à l’éditeur Hofmeister se trouve le passage suivant : « Pour ce qui regarde les bœufs de Leipzig — Die Leipsiger Ochsen — laissez-les pérorer à leur aise, tous leurs radotages ne donneront pas l’immortalité à ceux qu’ils vantent et n’enlèveront pas le génie aux élus d’Apollon. »

Les bœufs de Leipzig — chose surprenante — ont fait souche. Certaines critiques écrites de nos jours à l’occasion d’œuvres modernes paraissent calquées sur celles adressées à Beethoven il y a 105 ans.

La vie est un perpétuel recommencement.

(À suivre).

Paul Franchet

Chronique Lyonnaise

LES CONCERTS

La Schola Cantorum Lyonnaise

Nous arrivons un peu tard après tous nos confrères de la presse quotidienne et hebdomadaire pour parler du concert donné mercredi dernier par la Schola Cantorum lyonnaise sous la direction de M. Georges Marty, chef d’orchestre de la Société des concerts du Conservatoire de Paris. Nous sommes du reste tout particulièrement heureux de constater le succès magnifique remporté par cette jeune société. Ce succès, dû aux bonnes volontés de tous, combinées par l’ardente énergie de notre ami et collaborateur G. M. Witkowski, fut du reste bien justifié : Tout le monde a reconnu la belle tenue des chœurs d’amateurs, leur vaillance, leur solidité jointe à un juste souci de l’expression, leur courage et leur homogénéité, en même temps que les qualités vraiment remarquables de l’orchestre de la Schola.

Car la Schola a depuis cette année un orchestre — et aussi un orgue — à elle ; celui-là est composé de professionnels et d’amateurs et parmi eux se trouvent des artistes de tout premier ordre comme M. Fargues, Mlle Roussillon-Millet, MM. Mariotte, Faudray et bien d’autres.

Nous n’avons pas à revenir sur les œuvres exécutées mercredi dernier. Nous avons, dans le précédent numéro de notre Revue, analysé les principales et il y a peu de choses à dire de l’air d’Orphée’’, bien connu et consciencieusement rendu par la belle voix de Mme Marty et des cantiques de Bach, si intensément expressifs et de lignes si pures, très bien chantés par Mlle Éléonore Blanc.

Dans le concert presque unanime d’éloges, adressés à la Schola, nous relèverons pourtant une note discordante. Un journal spécial se plaint amèrement de l’insuffisance de voix d’hommes. Bien qu’il ne soit pas dans nos habitudes de faire la critique des critiques de nos confrères, nous nous permettrons, pour une fois, de discuter cette opinion en raison de l’importance considérable et de la diffusion énorme du journal « organe du mouvement artistique et orphéoniste de la région lyonnaise » qui s’en fait l’écho. Notre confrère, dans un compte rendu d’une bienveillance d’ailleurs très marquée, affirme que les chœurs comptaient mercredi « une douzaine de ténors (dont quelques-uns ne semblent être que des barytons) et quinze basses à peu près pour lutter contre une centaine de dames. » Oserons-nous remarquer que ce bilan n’est pas tout à fait exact ? Il y avait sur l’estrade — très exactement — vingt et un ténors et trente et une basses.

En se basant uniquement sur le nombre des voix, il est facile de constater que l’équilibre est très satisfaisant, si l’on admet avec notre confrère — ce qui d’ailleurs est discutable — que « sur les 100 choristes dames, il n’y en ait guère que la moitié qui chantent, le reste se contentant de faire, devant