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l’orchestre, un rideau très gracieux assurément, mais peu acoustique. »

Du reste, de l’avis général, le grand progrès que marque le concert de mercredi sur le premier donné par la Schola réside précisément dans l’obtention de cet équilibre qui avait fait quelque peu défaut l’an dernier dans l’exécution de la cantate « Bleib bei uns » et des fragments d’Hippolyte et Aricie. Peut-être les ténors pourraient-ils faire preuve de plus de vaillance, mais leur partie se perçoit pourtant sans peine ; quant à la partie de basse, elle est solidement tenue et n’est à aucun moment couverte par celles des soprani et des alti.

Notre confrère fait un autre reproche à la Schola : c’est d’avoir choisi, parmi les nombreux oratorios de Hændel, Samson, œuvre relativement peu connue, au lieu du célèbre Messie ou d’Israël en Égypte. Nous estimons, au contraire, ce choix excellent, et la Schola, à notre avis, a eu grandement raison de ne pas suivre les errements habituels aux musiciens qui nous révèlent toujours les mêmes œuvres et à qui nous devons, par exemple, d’avoir entendu cent fois la Sonate à Kreutzer, alors que, à Lyon, nous n’avons jamais vu, sur un programme de musique de chambre telle autre sonate (la dixième) de Beethoven…

M. Georges Marty s’est, en deux répétitions rendu complètement maître de l’orchestre et des chœurs sérieusement exercés depuis plusieurs semaines par M. Witkowski, l’éminent directeur de la Schola à qui sa profession ne permet pas malheureusement de prendre part officiellement aux concerts de la Société. M. Marty, dans sa direction, a été d’une précision et d’une netteté admirables et il ne saurait être rendu responsable des seuls défauts reprochés à l’orchestre : la lourdeur des contrebasses, et les couacs des trompettes, cette dernière imperfection, à vrai dire, étant imputable moins aux instrumentistes eux-mêmes qu’à la difficulté extrême des parties écrites par Haendel.

La présence de M. Marty est d’autre part une victorieuse réponse aux très rares adversaires de la Schola qui prétendaient l’an dernier que la nouvelle société était dirigée contre le Conservatoire.

On a tout particulièrement admiré l’excellente exécution de l’ouverture d’Idoménée et de la Pastorale de l’oratorio de Noël de J. S. Bach avec ses alternances si curieuses et si belles du quatuor et des hautbois.

Comme l’ont remarqué tous nos confrères, le concert de mercredi dernier consacre en somme définitivement la Schola dont la vitalité s’affirmera de nouveau aux deux prochains concerts : le premier dirigé par le Maître Vincent d’Indy et dont le programme comportera des fragments d’Alceste de Gluck et une partie du Chant de la Cloche ; le second dirigé par M. Guy-Ropartz, l’éminent compositeur et chef d’orchestre qui a donné au Conservatoire de Nancy une si forte et si moderne impulsion.

Léon Vallas.
Quatuor Bolonais

Le célèbre quatuor bolonais, attendu l’hiver dernier et empêché au dernier moment par une maladie du premier violon, s’est fait entendre vendredi soir. Programme excellemment choisi ; une œuvre de haute valeur de l’école russe moderne précédant deux chefs-d’œuvre classiques.

Le quatuor en la (op. 10) de Glazounow n’avait pas encore été joué à Lyon. Il s’est imposé par le charme et le pittoresque des thèmes, le coloris et la richesse harmonique, la variété et l’originalité des rythmes. Le scherzo et l’adagio molto ont été particulièrement goûtés. Cette œuvre d’intense couleur locale et de parfaite clarté mérite de prendre place dans le répertoire de nos quartettistes amateurs.

Le quatuor en la mineur de Schumann (op. 11 no 1) et le quatuor en ut majeur de Beethoven (op. 59, no 3), sont universellement connus et admirés.

Comment le quatuor bolonais a-t-il interprété ces trois œuvres ?

Dans les deux premiers mouvements du quatuor de Glazounow la justesse ne fut pas irréprochable. Un la consciencieux fut repris par les quatre instrumentistes et cette légère imperfection ne fut plus sensible. Malgré cette petite anicroche, le quatuor de Glazounow fut rendu de fort satisfaisante façon. Le public fit un chaud accueil à l’œuvre et applaudit ses interprètes.

L’exécution du quatuor de Schumann a