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moi-même ses procédés d’enluminure. Mais je puis vous affirmer l’audace de la conception et la suprême habileté de la réussite. L’entente, dans ces Rondels, devenus presque des madrigaux, est merveilleuse de la poésie et de la musique, et jamais le nom de sœurs donné à ces deux muses ne fut si bien mérité.

Le premier recueil de Rondels, — car il y en a un second, inférieur à mon avis, au précédent, et un troisième, celui-là encore inédit — s’ouvre par la célèbre poésie de Charles d’Orléans :

Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie…

traitée, par M. Kœchlin, à la façon des primitifs : Carissimi ou Roland de Lassus. C’est un ensemble, correctement et scolastiquement écrit, pour 4 voix, et destiné aux Chanteurs de Saint-Gervais. Mais les perles du recueil sont : La Nuit, Le Thé et le Printemps.

(À suivre)

Henry Fellot

L’extrême abondance des matières d’actualité nous oblige à renvoyer au numéro du 18 mai la suite de l’article de M. Sauerwein : l’Année musicale à Paris.

Chronique Lyonnaise

La Saison Théâtrale 1903-04

Le lendemain de la clôture du Grand-Théâtre (19 avril, avec Salammbô), M. le Directeurs artistique de nos deux scènes municipales a jugé bon de faire vanter une fois de plus, par les journaux amis, son « immense effort artistique ». Voici la note, d’origine évidemment officielle, publiée le 20 avril par le Lyon Républicain :

« Nous reverrons la saison prochaine, les principaux artistes, réengagés par une direction intelligente, qui, tout comme le public, a pu apprécier leur valeur.

« Pendant ces six mois, tout le personnel du Grand-Théâtre, du plus modeste au plus grand des artistes, a donné la mesure de ce qu’il pouvait.

« Grâce à un travail opiniâtre, à une direction méthodique et compétente, il a été possible de monter plusieurs ouvrages nouveaux et de mettre au point ce gigantesque travail de la Tétralogie dans des conditions sis satisfaisantes que les hostiles eux-mêmes ont dû constater son succès et enregistrer ses résultats brillants à tous égards.

« Lyon est la seule ville de France qui ait donné la Tétralogie. Tout l’honneur en revient à la Régie municipale, au directeur des théâtres municipaux, M. Broussan, à ses dévoués collaborateurs, dont la peine a été largement compensée par la satisfaction de voir le succès couronner leurs efforts.

« L’an prochain, on nous promet d’autres nouveautés. Nous pouvons croire sur parole ceux qui ont donné de telles preuves de leur compétence et de leur sens artistique. »

Nous étions bien sûrs qu’il y aurait à Lyon au moins une personne satisfaite de la dernière saison : M. Broussan a évidemment raison d’être content de soi, mais le public lyonnais n’a peut-être pas tout-à-fait tort lorsqu’il pense que jamais son Grand-Théâtre, dont le renom artistique fut grand jadis, n’était tombé si bas que cette année.

Nous allons essayer de noter en quelques lignes les résultats auxquels est arrivé M. Broussan : je ne parle que des résultats artistiques, car les financiers, certainement désastreux, n’ont pas encore été révélés par l’Administration municipale.

Voici d’abord la liste complète des œuvres représentées au cours de la saison avec le nombre de soirées qu’elles ont fournies :

Salammbô, 18 ; Mignon, 8 ; Hérodiade, 3 ; Lakmé, 7 ; Faust, 18 ; Lohengrin, 6 ; Le Barbier de Séville, 1 ; La Traviata, 3 ; La Bohême, 6 ; Tannhauser, 3 ; Mireille, 7 ; Roméo et Juliette, 2 ; Coppélia, 3 ; La Fille du Régiment, 1 ; Le Chalet, 1 ; Carmen,