Aller au contenu

Page:Revue d'histoire et de littérature religieuses-vol6-1901.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
LE TAUROBOLE ET LE CULTE DE BELLONE

rites féroces perpétuaient la tradition de l’échange du sang, qui renouvelait l’alliance des divers membres du clan entre eux et leur communion avec le totem qu’ils vénéraient[1].

Mais à côté des lieux sacrés où les tribus du Taurus célébraient leurs orgies, les mages perses, disséminés dans tout le pays depuis une haute antiquité, avaient dressé leurs pyrées, sur lesquels brûlait un feu perpétuel, et élevé des temples aux divinités iraniennes[2]. Ils avaient répandu, dans des régions d’une culture encore arriérée, les préceptes et les conceptions incontestablement supérieurs du mazdéisme. Les mystères de Mithra, qui étaient originaires de cette même contrée, gardèrent toujours la trace de cette double influence. À côté de dogmes très élevés et d’une morale très pure, ils conservent dans leur liturgie des cérémonies odieuses ou ridicules : déguisements en animaux, simulacres de meurtres rituels, adoration d’une idole à tête de lion[3]. Ils devaient leur théologie aux sectateurs de Zoroastre, tandis que ces pratiques étranges étaient un héritage des peuplades d’Asie Mineure.

Il en est de même du taurobole. L’acte hideux de l’immolation du taureau au-dessus d’une fosse où s’étend le fidèle, nous reporte à un niveau de civilisation extrêmement bas. « L’idée qu’en mangeant la chair et spécia-

  1. Jevons, Introd. to the history of Religion, pp. 97 s. 170 s. Robertson-Smith, op. cit., p. 314 et surtout Sidney-Hartland, The legend of Perseus, t. II, 1895, p. 240 s. — Un autre usage, extrêmement ancien, qui subsistait dans le culte de Cybèle et probablement aussi de Bellone, c’était celui de s’émasculer avec un tesson de poterie ou un couteau de pierre. Il remonte à l’époque où l’usage d’instruments de métal était inconnu (cf. Juvénal, VI, 314 et la note de Friedlënder).
  2. Sur l’histoire de ces colonies de mages, cf. mes Mon. relat. aux myst. de Mithra, t. I, p. 9 ss. et p. 431 ss.
  3. Cf. Ibid., p. 239 s., 315 ss.