Page:Revue d’économie politique, 1887.djvu/257

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Mais il existe encore un grand nombre d’autres droits abstraits, désignés par des appellations différentes selon la matière à laquelle ils se rapportent, qui sont tous susceptibles d’être achetés et vendus et constituent, dès lors, des valeurs échangeables.

Supposez que l’État ait besoin d’argent pour quelque dépense publique, pour une guerre coûteuse ou pour des travaux publics. Il achète de l’argent de toutes personnes disposées à lui en vendre, et en échange il donne aux souscripteurs le droit de demander ultérieurement à la nation une série de paiements. Ces droits reçoivent, dans le langage courant, le nom de fonds ou rentes d’État ; et les créanciers de la nation peuvent vendre leurs droits à qui ils veulent. Ces droits peuvent être achetés et vendus comme tout objet matériel. Ce sont des valeurs échangeables ; donc, par définition, des richesses.

Supposez qu’une personne veuille participer au capital d’une compagnie publique, de banque, de chemin de fer, de canal, de dock, ou autre. L’argent qu’elle verse devient la propriété absolue de la compagnie, considérée comme personne juridique, et, en échange de cet argent, le souscripteur reçoit certains droits de participation aux profits à réaliser par la compagnie. Ces droits sont appelés actions, et l’actionnaire peut les vendre à toute autre personne. Ces actions sont des valeurs échangeables, susceptibles d’être achetées et vendues comme des biens corporels : elles constituent donc, par définition, des richesses.

Supposez qu’un commerçant fonde un commerce qui prospère. Outre la maison ou les bâtiments dans lesquels il a installé son entreprise et les marchandises qu’il a en magasin, il a le droit de recevoir les profits à provenir de son négoce. Ce droit abstrait est appelé l’achalandage du fonds de commerce, il fait partie des biens du commerçant, plus encore que les marchandises en magasin. Il peut être vendu à un autre pour de l’argent ; c’est une valeur échangeable, donc une richesse.

De même, lorsqu’un auteur produit un ouvrage, il a le droit exclusif de le publier et d’en percevoir les profits pendant un certain temps. Ce droit, appelé propriété littéraire (copyright), est un bien absolument distinct des volumes imprimés. L’auteur peut le vendre à qui bon lui semble, comme une propriété matérielle. C’est donc une valeur échangeable, et, par définition, une richesse.

Il existe plusieurs autres droits abstraits de nature semblable,