voyage en Allemagne ; en 1848, il connaît le Paradis et la Péri, de Schumann. Enfin, Wagner lui avait été révélé par le Vaisseau-Fantôme (1843) et Tannhäuser (1845). Kitzler vint alors à Bruxelles, où il suivit au Conservatoire les cours de Fr. Servais, le célèbre violoncelliste, de Meerts et de Fétis. Puis, jusqu’en 1861, date à laquelle il se fixa à Linz, il se produisit partout comme violoncelliste avant d’aborder le professorat. Il est évident que Bruckner devait tirer un profit énorme de son commerce avec Kitzler. Il travaille d’abord les formes musicales, puis l’instrumentation, d’après l’ouvrage de A.-B. Marx. Dès que Bruckner fut arrivé à une maturité d’esprit suffisante, Kitzler lui mit entre les mains la partition du Tannhäuser, vers 1862, et en fit avec lui l’étude approfondie, faisant ressortir les beautés de l’œuvre. Kitzler fut d’ailleurs un ardent prosélyte de Wagner et parvint — non sans peine, d’ailleurs — à faire exécuter deux fois Tannhäuser à Linz, les 13 et 20 février 1863.
Déjà Bruckner avait repris ses essais de composition ; outre son Requiem, il produisit un Tantum ergo (1846) et un Ave Maria (1856). Toutefois, ses essais dans le domaine symphonique datent de 1862, époque vers laquelle vit le jour une première symphonie en fa mineur, qui fut détruite plus tard par le compositeur lui-même. Ce n’était là qu’un devoir d’élève. Mais, de 1864 à 1866 paraissent deux grandes œuvres définitives qui marqueront les vrais débuts de la production brucknérienne : la Messe en ré mineur et la 1re Symphonie en ut mineur. Bruckner s’affirme déjà puissamment, mais n’est pas encore arrivé à une complète maturité d’esprit. C’était Wagner qui allait soudain se révéler à Bruckner dans la plénitude de son génie et indiquer au débutant la voie définitive dans laquelle il devait s’engager ; la connaissance de Wagner lui ouvrit soudain un monde inconnu et depuis longtemps flottait dans ses rêves. À cette époque, Kitzler avait quitté Linz pour se rendre à Brünn en qualité