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Page:Revue de Belgique, série 2, volumes 58-59, 1910.djvu/353

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de directeur de l’École de musique de cette ville ; mais il laissait Bruckner suffisamment préparé pour étudier Wagner.

Cependant, le Requiem en ré mineur avait fait connaître le nom de Bruckner, ainsi qu’une cantate (Germanenzug, pour chœurs et instruments à vent), couronnée au festival de Linz, le 4 juin 1865 ; de plus, sa messe fut si bien accueillie lors de sa première audition (9 mai 1868) que des exécutions répétées suivirent et que les journaux musicaux de Vienne en confirmèrent le succès. Sa symphonie, au contraire, fut mal accueillie, et la faute doit en être partiellement imputée aux moyens rudimentaires dont disposait Bruckner pour ses exécutions orchestrales. Pour se consoler, il va écrire ses deux autres messes en fa mineur et mi ♭ mineur.

Le 10 juin 1865 marque une date mémorable dans la carrière d’Anton Bruckner : Tristan et Yseult lui fut révélé à Munich et, bientôt après, les Maîtres Chanteurs. Bruckner, dès lors, se prit d’une admiration passionnée pour Wagner, dont il avait fait la connaissance à Munich ; il subira, plus que tout autre peut-être, l’influence du maître saxon. Aussitôt, il remanie totalement sa 1re Symphonie et produit, en 1868, sa messe en fa mineur.

Mais Linz ne pouvait suffire à « lancer » Bruckner ; c’est ce que comprit très bien Herbeck, qui avait été frappé des dispositions musicales de celui-ci lors du concours de 1860. Herbeck, dont la sympathie allait être pour ce dernier de la grande utilité, était à cette époque l’un des musiciens les plus appréciés à Vienne. On peut dire qu’il a occupé successivement, sinon simultanément, toutes les situations musicales à Vienne ; comme chef d’orchestre il y fut particulièrement prisé. Berlioz, plutôt avare de compliments, le déclare d’ailleurs « chef d’orchestre de premier rang ».

Herbeck fut le premier à Vienne à comprendre le génie de Bruckner ; impartialement, il en reconnaissait les qualités et les faiblesses ; il était surtout subjugué par les qualités