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Page:Revue de Belgique, série 2, volumes 58-59, 1910.djvu/357

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épuisaient Bruckner qui, peu après 1890, sentit sa robuste constitution s’affaiblir sous le poids des années ; sa situation financière, de plus, était des plus précaires, l’impression de ses oeuvres absorbant tous ses revenus. Aussi, dès 1890, ses amis lui épargnèrent-ils les soucis matériels.

L’empereur lui-même intervint ; il lui accorda comme résidence le Belvédère situé au milieu des magnifiques jardins du palais du prince Eugène. Le 7 novembre 1891, le Sénat académique de l’Université de Vienne le nommait Ehrendoktor, titre qu’il ambitionnait depuis que Brahms avait reçu en 1881 le même titre honorifique de l’Université de Breslau.

Malheureusement, vers 1891, se manifestèrent les premiers symptômes de la maladie qui devait l’emporter ; comme Beethoven et Liszt, il devait succomber à l’hydropisie et les soins les plus dévoués ne pouvaient que retarder le moment fatal.

Il s’était cependant, en 1891, mis au travail pour écrire sa 9e symphonie ; sentant la fin proche, il travaillait avec un acharnement sans égal ; le pressentiment qui l’obsédait, de ne pouvoir terminer son œuvre avant la mort, lui donnait une alacrité au travail qui lui faisait oublier momentanément les souffrances. Efforts vains ! Le maître esquissait à peine les grandes lignes du final que la mort impitoyable le fauchait, le 11 octobre 1896 !

Ainsi disparut, sans que le monde musical se départît de l’indifférence coutumière à son égard, l’un des musiciens les plus génialement doués, dont le nom brillera d’ici quelque vingt ans à l’égal de ceux des grands maîtres, et qu’on reconnaîtra comme ayant été le premier des symphonistes après Beethoven.