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Page:Revue de Belgique, série 2, volumes 58-59, 1910.djvu/363

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nant les 3e, 4e et 5e symphonies, Bruckner s’affirme enfin dans la plénitude de sa force ; la 3e œuvre synthétise les sentiments si opposés des deux premières productions et donne un tout parfait. Dès lors, le musicien va s’élever graduellement, pas à pas, toujours dans le style de la 3e, jusqu’à la 5e qui marque le sommet de cette période. La 6e constitue encore un type unique, ne rentrant dans aucun groupe, tandis que la 7e est le point de départ du dernier groupe (7e, 8e et 9e) dans lequel Bruckner semble créer un nouveau moule symphonique, celui de la symphonie énorme, à idéal gigantesque, symphonie plastique, aux formes grandioses, à la technique admirable. C’est un travail vraiment fini.

Nous distinguerons donc chez Bruckner trois groupes distincts de symphonies entre lesquels s’intercalent la 2e et la 6e, œuvres plus calmes, plus douces, moins pathétiques et qui, dans la suite des symphonies de Bruckner, tiennent la même place relative que la 4e et la 8e dans le cycle des symphonies de Beethoven.

Les neuf symphonies de Bruckner ont le moule classique, et la même ordonnance de travail se retrouve dans chacune d’entre elles.

La 1re partie, généralement longue et assez rapide[1], est basée sur deux thèmes fondamentaux ; elle est de forme essentiellement classique et les thèmes sont nettement marqués : Hauptthema et Gesangthema ; parfois, même, un 3e thème intervient ; tandis que le Hauptthema est solennel, feierlich, le thème secondaire est expansif ; les divertissements accumulent les figures, traits libres, variantes des thèmes principaux pour amener ces fins pompeuses, triomphales, si caractéristiques chez Bruckner.

Mais c’est surtout dans les adagios et scherzos que se révèle

  1. Il n’y a d’exception que pour la 5e symphonie, dans laquelle un court adagio précède l’allegro.