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Page:Revue de Belgique, série 2, volumes 58-59, 1910.djvu/364

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le génie de Bruckner ; personne, après Beethoven, n’a écrit d’adagios symphoniques aussi graves, aussi profonds, aussi grands[1].

De même, la personnalité du maître autrichien est nettement accusée dans les scherzos ; il s’est remémoré les souvenirs de jeunesse, et les danses des paysans autrichiens ont influé fortement sur les trios des scherzos (2e, 3e et 4e symphonies) ; on y retrouve la rudesse des paysans, leur sentimentalisme naïf et ce sont précisément ces qualités qui rendent si caractéristique cette partie de la symphonie brucknérienne.

Cependant, malgré la valeur des adagios et scherzos, c’est dans le final surtout que Bruckner a cherché à déployer toutes ses qualités ; il a modifié le final classique, l’a rendu extrêmement libre, en a fait presque une fantaisie et a cherché à concentrer en cette dernière partie les trois mouvements précédents.

C’est ainsi, par exemple, que nous voyons dans le final de la 8e symphonie, intervenir les thèmes de l’allegro, de l’adagio et du scherzo.

Bruckner est arrivé, de la sorte, à des effets de péroraison absolument grandioses et inégalés.

Sous le rapport de l’instrumentation, les œuvres brucknériennes sont extrêmement remarquables ; cette instrumentation est caractérisée surtout par les couleurs d’orgue qu’on y rencontre et par les curieux accouplements d’instruments qui y abondent ; toutes les œuvres du maître autrichien prouvent une maîtrise absolue dans l’harmonie, le contrepoint, le rythme.

La plupart des symphonies contiennent d’ailleurs des chorals qui se prêtent admirablement à des développements polyphoniques. Les changements de rythme, les modulations sont

  1. Voir symphonies nos 3, 4, 7, 8, 9.