Page:Revue de Bretagne, tomes 45 et 46, 1911.djvu/136

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Camaret, en sorte qu’il y en avait à demi-portée de mousquet, et ces vaisseaux étaient accompagnés d’un grand nombre de petits bateaux plats, massés comme des œufs et plus grands que des chaloupes ordinaires.

L’action a commencé par une grosse canonnade qui a duré près de deux heures[1] ; après quoi, tous ces petits bâtiments ont fait voile d’auprès de l’amiral, autour duquel ils étaient assemblés pour se rendre dans l’anse du Tremet. Le vent ne leur a pas permis d’abord d’entrer ; mais, ayant changé tout d’un coup, ils y sont entrés et les ennemis se sont mis en état de débarquer les troupes qu’ils avaient sur ces petits bâtiments. Ils ont mis à terre 600 à 700 hommes, avec plusieurs officiers à leur tête, contre lesquels on a d’abord fait un très grand feu de tous les retranchements, qui étaient garnis de milice du pays et de 8 compagnies franches de la marine qui défendaient ce poste-là, sous le commandement de Mr le marquis de Langeron. Le feu a duré longtemps, après quoi, Mr Benoise, capitaine d’une compagnie franche de la marine, voyant l’ennemi dans une grande confusion, a marché à eux l’épée à la main, suivi de 50 soldats de sa compagnie et soutenu par un détachement de pareil

  1. L’Indépendance Bretonne a publié à ce sujet l’entrefilet suivant le 14 décembre 1910 :
    Le Tzar des Bulgares et les pêcheurs de Camaret

    S. M. Ferdinand Ier, tzar des Bulgares, vient de signifier, de la manière la plus poétique, sa tendresse pour les gens de mer et son culte pour nos souvenirs de gloire.

    Ayant appris l’incendie de la chapelle ancienne de Notre-Dame de Rocamadour à Camaret, petit port de pêche tant apprécié des artistes, Ferdinand Ier, « heureux d’aider à la réfection de l’historique et charmant sanctuaire des braves gens de Camaret », vient de faire parvenir la somme de mille francs au poète Saint-Pol-Roux, président du comité de restauration.

    Ce sanctuaire, particulièrement chéri des marins bretons, s’honore d’une digne blessure, ayant eu la pointe de son clocher emportée par le boulet d’une frégate anglaise lors de la célèbre bataille de Camaret qui garda la France de l’envahissement, selon l’exergue même de la médaille que Louis XIV fit frapper en l’honneur de l’héroïque cité.

    Par ce geste « à la française », le roi de Bulgarie semble nous marquer, avec son esprit coutumier, qu’il ne saurait oublier les plus belles pages de notre histoire — qui est aussi la sienne, étant celle de ses augustes aïeux. C’est pourquoi voulut-il rendre hommage aux pêcheurs de Camaret, descendants de ces héros qui, le 18 juin 1694, aidèrent à la victoire des troupes de Vauban sur celles, coalisées, d’Angleterre et de Hollande.

    Puisse un si haut exemple susciter des âmes ferventes, désireuses de collaborer à la restauration de la légendaire chapelle du Finistère !

    Et gloire à Camaret : custos oræ armoricæ !