Page:Revue de Métaphysique et de Morale, vingt et unième année - 1913.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par lappai-ilion de la génération du semblable par le semblable. Elle conduit peu à peu le monde à un état de désordre si voisin de sa perte que, pour l'empêcher de périr complètement, Dieu s'assied de nouveau au gouvernail. C'est alors que, voulant sauver les hommes dont un grand nombre, comme aussi des autres espèces •animales, avaient d'ailleurs péri dans ces bouleversements, les dieux nous tirent ces présents dont parlent les anciennes traditions : ^linsi Prométhée, le feu; Héphaïstos et Alhèna, les arts; Dèmèter, Corè, les semences des plantes.

Toutefois, visiblement, ce que Platon veut surtout mettre en lumière dans ce mythe, c'est moins sans doute Toriginc réelle des sociétés que les bienfaits d'une théocratie à la rigueur, et surtout d'un rythme des périodes du monde, d'un devenir qui, comme tel, est soumis à des alternances de progrès et de régression' : ce qui explique que le monde, en dépit de ses imperfections, ne soit pas encore totalement ruiné. Mais ailleurs nous rencontrons des tenta- lives plus précises pour retracer en lui-même le passé de l'humanité €t pour reconstituer quelques grands traits de sa préhistoire. Le Timée (20 de, 21 rf -25 e, 26 de), dialogue dont la composition parait avoir précédé de peu celle du Polilique, nous parle aussi de ces grands bouleversements qui détruisent une partie de l'humanité et à la suite desquels elle retourne à la primitive enfance pour recom- mencer une vie nouvelle. La légende de Phaéton rappelle un de ces embrasements qui ne laissent subsister que les hommes vivant dans le voisinage de la mer ou des tleuves; celle de Deucalion, un de ces

déluges auxquels échappent;au contraire les habitants des montagnes. De terribles tremblements de terre anéantirent des territoires immen- ses, avec les peuples qui les occupaient : c'est ainsi que la fameuse île d'Atlantide a été engloutie dans les (lots. Les civilisations exis- tantes sont alors abolies; c'est comme une naissance et une jeunesse nouvelles. Aussi comprend-on que de ces longues périodes qui, selon les traditions sacerdotales de l'Kgypte, ont précédé la civilisa- lion grecque, le souvenir se soit à jamais éteint, ou ne puisse être retrouvé que par une très rare fortune. — Dira-t-on qu'ici encore le mythe subsiste? Que la fiction est rendue In-s apparente par le fait que ces Athéniens préhistoriques avaient, au dire des prêtres égyp- tiens, une constitution dont les éléments sont précisément ceux

l. CompaiiT 1.1 llii'orii; des ricorai dans l,i j)lii!osopiiic de riiisloire de Vieo (livre V de |;i Scùnza ïiuovii).