Page:Revue de Paris, 40è année, Tome IV, Juil-Août 1933.djvu/468

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Comme à toute l’équipe du romantisme féminin, l’inspiration religieuse lui est étrangère. Elle réalise la mort comme la fin de sa chair, c’est-à-dire la fin de tout et comme l’aiguillon et le tourment de la vie. Ce paganisme sans hypocrisie, ce repos que l’Orientale oppose aux demi-teintes et aux conventions d’un christianisme du dehors, cette laïcité de sa poésie sanctionnée par le dehors politique, ont peut-être contribué à distribuer les groupes de ses ennemis et de ses amis. N’en fut-il donc pas de même de Lamartine et de Hugo ?

Madame de Noailles, à la différence de l’autre grand poète français des Balkans, Moréas, n’a jamais pensé sous la catégorie d’écoles, n’en a jamais fondé. Il serait injuste, et pour elle et pour les autres poétesses dites du romantisme féminin, de grouper celles-ci autour d’elle comme les nymphes autour de Diane. On retrouve cependant et chez Renée Vivien et chez madame Lucie Delarue-Mardrus des qualités et des défauts analogues aux siens : les puissances d’une poésie sensuelle, de beaux vers charnels et charnus dans des pièces qui manquent souvent d’élan et de ligne, le don plus que la maîtrise. On comprend, en les lisant, que l’observation le plus souvent jetée par les maîtresses dans les marges des « styles » de jeunes filles soit « délayage ». On remarque aussi que, pour elles comme pour madame de Noailles, leurs meilleurs vers soient de beaucoup dans leurs premiers recueils, et qu’elles aient peiné ensuite à répéter affaibli le cri vif par lequel leurs vingt ans de poète ont abordé la vie. Madame Gérard d’Houville a connu une destinée favorisée, qui, élevée dans un atelier d’orfèvre, n’a touché que prudemment et patiemment l’outil, et comme son père, a voulu que sa poésie tînt entière dans un seul livre paru tard.

la poésie de province

Les formes démodées de la littérature, et particulièrement de la poésie, se conservent volontiers en province, dans des coins paisibles d’habitudes, de famille, de propriétés et de livres, qui ne sont que peu ou point touchés par les courants nouveaux. J’écrivis un jour que probablement on y faisait encore des tragédies : huit jours après je recevais du centre