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BULLETIN LITTÉRAIRE.

LES CHANTS DU CREPUSCULE,

PAR M. VICTOR HUGO[1].

Je voudrais expliquer d’uue façon respectueuse et précise la position de la critique contemporaine vis-à-vis de M. Victor Hugo ; position nouvelle et difficile, mais qui doit être reconnue avec franchise, appréciée avec calme et dignité. Les jours sont loin de nous où M. Hugo, Jeune et ardent novateur, luttait pied à pied contre une critique hostile, contre une littérature maîtresse du terrain. Dieu sait ce qu’il a fallu d’audace pour commencer l’attaque, de talent pour achever la victoire ! Dans cette lutte laborieuse, M. Hugo puisa cette ténacité et cet indomptable orgueil qui le fait aujourd’hui se raidir contre les avis les plus bienveillans, s’emporter contre les observations les plus timides. La première partie de la carrière littéraire de M. Hugo explique la seconde moitié de sa vie. Cette grande ame fut violemment froissée, et il ne négligea dès lors aucune occasion d’exhaler son ressentiment en plaintes amer es. Sur la tombe à peine fermée de Dovalle, il laissa échapper ces paroles un peu égoïstes : « Dans ce moment de mêlée et de tourmente, qui faut-il plaindre, ceux qui meurent ou ceux qui combattent ? N’est-il pas permis à ceux autour desquels s’amassent incessamment calomnies, injures, haines, jalousies, sourdes menées, basses trahisons, hommes loyaux auxquels on fait une guerre déloyale, hommes dévoués qui ne voudraient enfin que doter le pays d’une liberté de plus, celle de l’art, celle de l’intelligence ; hommes laborieux qui poursuivent paisiblement leur œuvre de conscience, en proie d’un côté

  1. 1 vol. in-8o, chez Renduel, rue des Grands-Augustins, 22.