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REVUE DE PARIS

tion de 89 ; vous voyez les bàlimens ruraux, la police rurale, les eaux et forêts, la louveterie. C’est une véritable Maison rustique des siècles passés. C’est une véritable histoire du laboureur dans le royaume de France ; seulement après avoir étudié à fond ce savant chapitre, on n’est pas tenté de s’écrier avec le poêle :

O fortunatos nimium, sua si boiia norint
Agricolas !
Heureux l’homme des champs s’il connaît son bonheur !

Après l’agriculture, cette mère nourrice, viennent les arts mécaniques. Vous savez déjà comment se nourrissaient nos pères ; à présent vous allez apprendre comment étaient construites leurs maisons, comment s’élevaient leurs châteaux, et comment étaient faits leurs meubles, et comment étaient faits leurs instrumens habituels, les limes, les scies, les marteaux, les enclumes, les charrues ; vous voilà transportés tout à coup dans le conservatoire de la rue Saint-Martin, il y a quelque sept ou huit cents ans, avec tous les perfectionnemens amenés par les âges suivans. Comme aussi, à côté de l’histoire du métier vous retrouvez l’histoire de l’artisan, car l’auteur, élève, à son insu peut-être, de Walter Scott, ne sépare jamais l’homme de son métier, le laboureur de sa charrue, le forgeron de son enclume, le seigneur châtelain de son château.

Le chapitre m est consacré tout entier à l’histoire des beaux-arts au xve siècle. Cette fois vous passez de l’utile à l’agréable, du métier à l’art, del’artisanà l’artiste, du nécessaire au luxe. C’est là un charmant chapitre. Les dessins et les coileurs des rubans de nos belles dames se trouvent peints dans les orneinens marginaux des vieux psautiers du temps, ces riches et saintes reliques de la piété des rois et des grands du monde. Nos jeunes dames les plus futiles ne liront pas sans intérêt la lettre que M. Alexis Monteil a écrite au maire de la ville de Saint-Étienne à propos des rubans du xve siècle. J’ignore comment M. le maire de Saint-Étienne aura répondu à cet insigne honneur ; mais à coup sûr il aura été bien embarrassé pour répondre à la lettre. Si M. Monteil avait raconté la même histoire à plus d’un jeune fabricant de rubans de cette honorable ville de soie et de fer, que je pourrais nommer, il eût trouvé sans doute à qui parler. Quoi qu’il en soit, la lettre est pleine de faits, de naïveté et d’esprit. C’est dans ce chapitre iii que se trouve la très curieuse division de l’ordre social. L’auteur le partage en vingt-six parties tout autant : en ce temps-là nous étions loin de l’égalité.

Au chapitre de la course trouvent le prix du menu des tables des princes et des rois, depuis le xiiie jusqu’au xviiie siècle : curieuse his-